

En cette fin d’après-midi, le 5 mai 2021, à 17 heure et 49 minutes, l’Empereur n’est plus. Lui qui a fait trembler l’Europe durant plus de 15 ans est mort à St-Hélène, petite ile située à plus de 1800 kilomètres de l’Afrique et à plus de 3000 kilomètres du Brésil où il fut prisonnier des anglais, durant 6 ans. A l’heure où nous commémorons le 200e anniversaire de la mort de Napoléon, nous allons nous intéresser aux circonstances de son décès puis au déroulement de ses obsèques.
«Il était mort..mort à jamais .. qui peut le dire ? » M.Proust
Napoléon tombe gravement malade à partir du mois de mars 1821 : il se met à souffrir de fortes douleurs à l’estomac, de fièvre, de délires et des difficultés d’élocution ce qui l’empêche de se lever. Début mai, plus qu’affaibli par des traitements à base de mercure prescrit par Antommarchi (1789-1838), son médecin, il entre en agonie ; ses symptômes s’aggravent, si bien que le 4 mai au soir, l’Empereur tombe dans un état proche du coma, où il prononce ainsi ses dernières paroles dont il existe deux versions très proches : « France, armée Joséphine » ou bien « tête, armée, Mon Dieu », c’est-à-dire les grands composants de sa vie, ceux qui l’ont hissé au rang de légende vivante. Alors, le 5 mai, conscient que ce serait son dernier jour, les derniers fidèles (le couple Bertrand, les domestiques, Montholon etc..) restèrent à veiller Napoléon jusqu’au dernier moment, que raconte Marchand : « le canon de la retraite se fit entendre ; le soleil disparaît das des flots de lumière. C’est aussi le moment où le grand homme, qui domina le monde de son génie, va s’envelopper dans sa gloire immortelle. L’anxiété du docteur Antommarchi redouble ; cette main qui guidait la victoire, et dont il compte les pulsations, s’est glacée. Le docteur Arnott, les yeux sur sa montre, compte les intervalles d’un soupir à l’autre ; quinze secondes, puis trente, puis une minute s’écoulent ; nous attendons encore, mais en vain : l’empereur n’est plus. » ( dans Précis des Guerres de Jules César).A 17h49, l’Aigle avait rendu l’âme dans la foi catholique puisque l’abbé Vignali lui avait donné l’extrême-onction le 3 mai. Il avait 51 ans. Désirant que ces derniers instants soient ceux d’un Empereur, Napoléon d’ailleurs, avait pris la délicatesse de rédiger son propre acte de décès, en ne laissant qu’un espace vierge pour la date « Monsieur le gouverneur, l’empereur Napoléon est mort ce jourd’hui cinq mai mil huit cent vingt et un à six heures moins dix minutes à la suite d’une longue et pénible maladie . J’ai l’honneur de vous en faire part. Il m’a autorisé à vous communiquer si vous le désirez ses dernières volontés. Je vous prie de me faire savoir quelles sont les dispositions prescrites par votre gouvernement pour le transport de son corps en Europe ; ainsi que celles relatives aux personnes de sa suite. »
« On entend dans les funérailles que des étonnements de ce que ce mortel est mort » Bossuet
Le gouvernement ayant ordonné à H. Lowe, gouverneur de l’ile, d’enterrer Napoléon sur l’ile avec les honneurs dû à un général, il fit creuser la tombe dès le 6 au matin à l’endroit choisi par le défunt : le Val de Géranium. Puis il alla rendre hommage à l’Empereur, avant l’autopsie réalisée par Antommmarchi qui eût lieu devant les Français et quelques médecins anglais. Conformément aux directives du défunt, le cœur et l’estomac furent retirés mais le corps ne fut pas embaumé malgré les prélèvements d’organes. Si ils existent plusieurs rapports d’autopsies (5) qui ne sont guère différents et qui tous mis en évidence l’ulcère peut-être cancéreux, appelé en médecine « ulcère gastrique chronique perforé de l’estomac » dont souffrait Napoléon depuis des mois. A la fin de l’autopsie, la toilette mortuaire fut accomplie par Marchand et Ali (St-Denis de son vrai nom) qui lui revêtirent son uniforme de colonel des Chasseurs de la Garde Impériale, le coiffère du bicorne et lui remirent son épée et un crucifix sur la poitrine comme illustré par le peintre J-B Mauzaisse. Puis en attendant l’enterrement, le corps de Napoléon fut exposé sous la forme d’une chapelle ardente.

« Vous qui aimez la gloire, soignez votre tombeau, couchez-vous y bien : tachez d’y faire bonne figure, car vous y resterez » Chateaubriand
L’enterrement commença à 10 heure, le 9 mai par une messe funéraire puis le cortège se mit en marche, composé du prêtre, des français, de l’état-major anglais et des autorités civiles de l’ile. Quelques coups de canons furent tirés. Les cercueils ( au nombre de quatre, empilés les uns dans les autres ) étaient portés par plusieurs grenadiers anglais pendant que la troupe lui rendit les honneurs militaires. Arrivés au lieu de l’enterrement, ils furent recouverts de plusieurs couches de ciments et de terre, surmontés de trois pierres tombales superposées, mais vierges de toute inscriptions car français et anglais n’ont pu s’entendre sur l’épitaphe. Le tout gardé par une grille et gardé en permanence afin que nul ne puisse profaner ou exhumer l’Empereur.

En conclusion, Napoléon prisonnier à St-Hélène des Anglais et dont la santé avait décliné rapidement (notamment à cause de l’ennui) mourut dans des conditions jugées troubles pour certains et qui donna lieu à quelques rumeurs plus ou moins fantaisistes (empoisonnements, substitutions du corps..). Cette fin tragique, les conditions de l’enterrement et enfin le rapatriement de ces cendres en 1840 le fit définitivement entrer dans la légende aussi bien en France que dans le monde, une légende certes contestée mais à laquelle répond cette citation du Père de La Rue : « Il avait ses défauts, le soleil à des tâches. Mais il est toujours le soleil. »
Sources
Par Lucas Bertrand
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