« Nous déclarons ennemis et tyrans de la patrie les députés de la soi-disant Convention qui ont voté pour l’assassinat du roi Louis XVI, de glorieuse et sainte mémoire. Nous jurons de verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang ou de ne poser les armes que lorsque les députés de la soi-disant Convention, auront remis les rênes du gouvernement au souverain légitime que Dieu a donné à la France. »[1]Les convictions de cette lettre, malgré qu’elle soit datée de l’été 1795 et rédigée par les chefs vendéens tels que Charrette, Stofflet et bien d’autres, restent encore très vivaces durant la fin de la période révolutionnaire, et perdurent jusqu’à la fin de l’Empire en 1815. Ces mots, rédigés juste après l’assassinat du petit Louis XVII à la prison du Temple à Paris, fait du frère de Louis XVI, le comte de Provence, le nouveau roi de France, sous le nom de Louis XVIII. Entre 1795 et 1815, les royalistes n’auront de cesse de procéder à des actions, souvent violentes, pour affaiblir l’Empire et restaurer la Monarchie avec ce nouveau roi sur le trône. Napoléon, gavé des idées révolutionnaires se voulant être la fière succession républicaine de la Révolution, combattit sévèrement tout au long de son règne les royalistes qui restèrent probablement majoritaires en France durant toute la période. En effet, en ce début du XIXesiècle, le royalisme est dans tous les esprits, menace la République et l’Empire, et l’espoir du retour à la Monarchie n’a jamais disparu dans certaines communautés. Comment rayer d’un trait plus d’un millénaire de royauté en France en seulement une décennie ? Napoléon comprit rapidement cette difficulté sociale et dut faire face à la menace de cette guerre civile qui plana sur la France pendant les vingt années de son pouvoir.
Résurgence des guerres de Vendée (1799)

Alors que la Révolution semble maintenant déjà bien loin, le Directoire se veut être la seule alternative à l’établissement de l’ordre dans le pays en sauvant les idées révolutionnaires. En 1797, un coup d’état de trois de ses cinq directeurs amènent de vives tensions dans les provinces de France, débouchant sur le soulèvement d’une partie de la Vendée royaliste à l’été 1799. Plusieurs milliers de Vendéens se rassemblent et prennent les armes en octobre 1799 dans toute la région. Les armées républicaines, tout comme quatre années auparavant, reprennent la route vers la Vendée pour écraser l’insurrection dans le sang. C’est dans ce contexte de guerre civile que Napoléon Bonaparte commet son fameux coup d’état du « 18 Brumaire », où en ce jour du 9 novembre 1799, le jeune général renverse le Conseil des Cinq-Cents au château de Saint-Cloud. Au même moment, la bataille des révoltés royalistes se situe dans le secteur de Montaigu, de Clisson et de Montfaucon. Après plusieurs petites batailles dans les environs de Cholet, l’armée républicaine est bien trop garnie en hommes, et les royalistes sont repoussés sur chaque front. Napoléon ne peut se permettre de s’enliser dans une guérilla rurale ; il tente alors de concilier. Le nouveau Consul proclame la liberté d’exercer le culte catholique en France, interdit depuis de nombreuses années par la Révolution, mais déplace des milliers de soldats en Vendée pour assurer l’ordre. La paix est signée en janvier 1800.
Les actions royalistes : l’attentat de la rue Saint-Nicaise (24 décembre 1800)
Tout au long du règne du Premier Consul Bonaparte puis de l’Empereur Napoléon I, le parti royaliste reste très important en France et Napoléon veille personnellement à étouffer la moindre tentative royaliste contre sa personne et contre l’Empire. Et les craintes de Napoléon ne sont pas infondées. Moins d’une année après la signature de la paix avec les insurgés vendéens, c’est au tour des Chouans de la Bretagne de passer à l’action. Durant l’année 1800, des officiers chouans montent à Paris dans l’objectif de s’en prendre directement à la vie de Napoléon. Le 24 décembre 1800, alors que le carrosse quitte le Palais des Tuileries vers l’Opéra de la Comédie Française, les conjurés attendent le Premier Consul et Joséphine de Beauharnais. Le carrosse passe la rue Saint-Nicaise, la bombe explose, trop tard ; le quartier est pulvérisé, une vingtaine de passants meurent, mais Bonaparte est indemne. Lui qui se pensait en sécurité, lance une série d’arrestations pour venir à bout des royalistes. L’une des plus célèbres arrestations, celle qui sera reprise dans l’historiographie de la Restauration, est celle du Duc d’Enghien.
La réaction impériale : l’assassinat du Duc d’Enghien (21 mars 1804)
En début d’année 1804, Louis-Antoine de Bourbon-Condé, Duc d’Enghien, cousin éloigné de Louis XVI, est arrêté en Allemagne par un contingent français, et ramené de force à Paris. Sans aucune preuve, Napoléon le soupçonne d’envisager un possible complot contre sa personne. Le Premier Consul veut surtout éliminer celui qui s’est tant illustrer dans les troupes royales immigrées lors de la Révolution française. En effet, depuis toujours, le Duc d’Enghien servit la cause de la Monarchie. Redoutable adversaire, Napoléon entend mettre fin à cette potentielle menace. Après un procès bâclé d’une journée, il est condamné à mort et fusillé dans les fossés du château de Vincennes à seulement trente-et-un ans. Pour bon nombre de Français, cette élimination est vue comme un assassinat. Même après la mort du Duc d’Enghien, Napoléon poursuit la traque des royalistes. Quatre années après, en 1808, l’Empereur ordonne la destruction de la tour du Temple de Paris, lieu qui était devenu un endroit de pèlerinage après le décès de Louis XVI et de Marie-Antoinette car c’est bien dans cette tour que le couple royal fût enfermé à partir de 1792 et que les membres de la famille royale subirent leur martyr. C’est aussi dans cette tour que le petit Louis XVII, âgé d’à peine huit ans, fût emmuré jusqu’à mort s’en suive en 1795. Pourtant, ce lieu hautement historique, datait du milieu du XIII ème siècle…
Lorsque le pouvoir impérial se rétablit de lui-même, obligeant Louis XVIII à un nouvel exil lors de la période des Cent-Jours en 1815, les soulèvements des Vendéens et des Chouans réapparaissent en Vendée et en Bretagne. Les royalistes veulent récupérer le Roi de France. Ces Cent-Jours sont alors rythmés par plusieurs batailles internes que Napoléon n’est plus en mesure de résorber. Finalement, ces guérillas cessent lors de l’abdication de Napoléon après la défaite de Waterloo, le 22 juin 1815. Le retour sur le trône de Louis XVIII et la restauration de la Monarchie permet d’apaiser une France royale et catholique, trop longtemps meurtrie par les idées révolutionnaires puis impériales.

Dates
- 1799-1800 : Nouvelles guerres des Vendéens et des Chouans.
- 1800 : Tentative d’assassinat sur le Premier Consul Napoléon Bonaparte.
- 1804 : Mort de Louis-Antoine de Bourbon-Condé, Duc d’Enghien.
- 1808 : Destruction de la tour du Temple, symbole du martyr de la Monarchie.
- 1815 : Nouvelles guerres des Vendéens et des Chouans.
Bibliographie
CRÉTINEAU-JOLY (Jacques), Histoire de la Vendée militaire, tome II, Paris, Librairie de Charles Gosselin, 1843.
GABORY (Émile), Les guerres de Vendée, Paris, Robert Laffont, 2009.
SECHER (Reynald), La Vendée-Vengée, le génocide Franco-français, Paris, Presses Universitaires de France, 2001.
[1]CRÉTINEAU-JOLY (Jacques), Histoire de la Vendée militaire, tome II, Paris, Librairie de Charles Gosselin, 1843.
Par Emilien Vaille
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.