A l’occasion du dernier hommage au dernier Compagnon de la Libération ce 11 novembre, Héritages revient sur les pas d’Hubert Germain, un homme au parcours inspirant.
Retour sur une vie au service de la France
Né le 6 août 1920 à Paris d’un père officier dans les troupes coloniales, il se destine à l’École Navale afin de faire carrière dans la Marine française en tant qu’officier. Il passe le concours en juin 1940 mais le discours d’armistice du Maréchal Pétain le révolte. Il décide donc, à 19 ans, de rejoindre l’Angleterre pour continuer le combat.
Il est affecté sur le cuirassier Courbet – navire anti-aérien tenu par les Forces Navales Françaises Libres – comme élève-aspirant avant d’être affecté au Proche-Orient, au sein des Forces Françaises Libres (infanterie) à la fin de l’année 1940. Après un an en état-major, il demande à aller au feu et est transféré dans la Légion Étrangère, avec laquelle il participe au dur combats de Bir-Hakeim (27 mai – 11 juin 1942), en Libye. La victoire française va légitimer le rôle de la France Libre au côté des alliés. C’est durant cette bataille que le lieutenant Germain est cité à l’ordre de l’armée par le Général de Gaulle : « Chef de section anti-chars, a été pour ses hommes un exemple constant de calme et de courage. S’est montré à tout moment au cours du siège de Bir-Hakeim, un auxiliaire précieux pour le commandant du point d’appui auquel il était rattaché. Au cours de la sortie de vive force dans la nuit du 10 au 11.06.42, a montré de très belles qualités de chef ».
Il est également présent lors de la seconde bataille d’El-Alamein où un corps franco-britannique remporte une victoire importante sur l’Afrikacorps du général allemand Rommel. Il sert ensuite en Tunisie puis en Italie, où il est blessé le 24 mai 1944 par un obus. Hospitalisé à Naples, il est décoré de la Croix de Guerre.
Le 15 août 1944, il participe au débarquement de Provence. Mais affaibli par ses blessures, il doit se retirer des forces combattantes en octobre 1944. Un mois plus tard, il est élevé au rang de Chevalier de la Libération.
Il est également fait chevalier de la Légion d’Honneur et reçoit la Médaille de résistance ainsi que celle de la Guerre 1939-1945.
En 1960, il rejoint le ministère de Pierre Mesmer, son ancien compagnon d’armes.
En 1962, il devient député de Paris, poste qu’il occupe jusqu’en 1973. Il est aussi conseiller au ministère de la Guerre puis est nommé ministre de 1972 à 1974.
Depuis 1969, il était investi dans la transmission de la Mémoire et à ce titre, il a répondu à de nombreuses interwiews et coucha ses Mémoires et réflexions dans un livre : Espérer pour la France.
Cérémonie et hommage
Décédé le 12 octobre 2021, il s’agissait du dernier Compagnon de la Libération. Selon les volontés du Général de Gaulle, le dernier Compagnon de la Libération devait être inhumé au Mont-Valérien, avec un hommage populaire national. Néanmoins, le président Macron a souhaité réaliser une double cérémonie. L’une, nationale et populaire, à l’Arc de Triomphe, l’autre plus privée au Mont-Valérien. Le 10 novembre, a donc eu lieu un hommage dans le dôme des Invalides (où reposent les plus grandes figures de l’Histoire militaire française dont Foch et Napoléon) où le public était invité à venir se recueillir.

Ce fut un moment très solennel. Le corps d’Hubert Germain été veillé par les unités militaires des trois Armées (Air, Terre, Marine) jusqu’au lendemain matin, 11 novembre, jour de commémoration de la Grande Guerre 1914-1918 et de l’ensemble des militaires tombés au service de la France.
Le cercueil a ensuite été transporté jusqu’au Mont-Valérien sur un blindé de l’Armée de Terre (choisi par Hubert Germain) baptisé symboliquement Bir-Hakeim. Suivant les volontés de De Gaulle, il fut escorté par le 1er Régiment de Cavalerie de la Garde Républicaine ainsi que d’une escorte de motards. Comme l’avait demandé Hubert Germain lui même, le cortège s’est arrêté une première fois devant la statue du Général De Gaulle sur les Champs-Elysées, puis a rejoint l’Arc de Triomphe pour une cérémonie présidée par Emmanuel Macron sous le regard d’une foule venue le saluer une dernière fois.
Enfin, le convoi funéraire a repris sa route vers le Mont-Valérien où, porté par un détachement de la Garde Républicaine, le cercueil fut placé au son des tambours après un dernier hommage militaire, dans la crypte du Mont-Valérien, où reposent déjà des résistants, des soldats métropolitains et coloniaux morts pour la France entre 1940 et 1945, ainsi que des cendres de déportés. Finalement, le Président de la République a déposé sur le cercueil du dernier Compagnon de la Libération une croix de Lorraine.
Être compagnOns de la libÉration
Les Compagnons de la Libération sont un ordre de chevalerie crée par le Général de Gaulle en 1940, puis fermé en 1946. Son but était de récompenser les Résistants et membres des Forces Françaises Libres de grand mérite. Cette médaille fut également remise à plusieurs villes : Nantes, Paris, Grenoble, Vassieu-en-Vercors et à l’île de Sein ainsi qu’à 16 unités militaires de la France Libre issues des trois armées. Sa devise est « PATRIAM SERVANDO – VICTORIAM TULIT »,« En servant la Patrie, il a remporté la Victoire ».

Et pour finir, une citation d’Hubert Germain : « Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises
ardentes ! »
Sources :
- Hubert Germain (1920-2021) | Service historique de la Défense (defense.gouv.fr) Espérer pour la France
- Collection Mémoires de Guerre – Les Belles Lettres
- Cérémonie d’inhumation d’Hubert Germain au Mont Valérien, dernier compagnon de la libération. – YouTube
- La revue de la Fondation de la France Libre, numéro spécial, Les Francais Libres, édition de la France Libre
Pour aller plus loin :
- Hubert Germain, Espérer pour la France, 2020
- Visites du Mont-Valérien puis du Musée de l’Ordre de la Libération et du Musée de l’Armée
Lucas Bertrand
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