Le XIIIème siècle, est à juste titre le siècle de saint Louis. Né en 1214, Louis IX est trop jeune pour régner à la mort de son père en 1226. Blanche de Castille assume la régence jusqu’à ce que son fils soit en âge d’assumer le trône en 1241. Le futur Saint Louis stabilisera notamment les tensions sur son territoire pour se concentrer principalement sur ce qu’il considère être son devoir de chrétien : les croisades.
Louis IX se démarque des autres rois capétiens par sa foi très intense, inculquée par sa mère, Blanche de Castille, dès son plus jeune âge. En effet, Louis IX sera marqué toute sa vie par une phrase prononcée par sa mère « elle préférait le voir mort qu’en état de péché mortel ». Cette phrase prise à la lettre par le jeune Louis guidera sa conduite toute sa vie et influera toutes ses décisions. Sa vie se rapproche fortement de la vie monastique. Il se lève à minuit pour les matines, assiste aux vêpres, aux complies, et à l’office des morts. Il se confesse tous les vendredis et n’hésite pas à prier la Vierge en prononçant jusqu’à 50 Ave Maria par jour accompagnés de génuflexions. Il est aussi dit qu’il chante la messe à cheval quand il ne peut pas poser pied à terre. Il confie donc sa vie au Christ par le Combat mais aussi par la prière. Le Christ est présent dans tous les moments de sa vie.
Blanche de Castille montrant à saint Louis la Religion, la Foi et la Piété. Jean Jouvenet, 18e siècle
Mais comment un prince si occupé par ses devoirs de souveraineté peut-il réellement devenir saint ? Et comment, d’un autre côté, les devoirs de piété, qui absorbent une si grande part de son temps, lui permettent-ils d’être un roi dans toute la force du terme ?
Certains seigneurs de son temps lui reprochent sa vie trop pieuse. A cela, il rétorque qu’il est maître de ses actes et que s’il lui eût plu de passer le double de son temps à jouer aux palettes ou à courir le gibier, nul d’entre eux n’aurait eu l’idée de lui en faire le reproche. En effet, on ne parle de lui dans la chaire que pour louer sa charité, sa simplicité et sa piété. En cela, nous voyons clairement la mentalité et la façon de vivre de saint Louis. Peu intéressé par les occupations de son temps comme la chasse, il préfère se consacrer à des activités plus spirituelles et être moins dans la mondanité.
Louis IX propage la chrétienté partout où il va, même à l’étranger. Jusque dans les contrées les plus reculées on vante ses vertus et sa puissance. Pour les Tartares, par exemple, il est en tout point, le plus grand prince de la chrétienté et pour les chrétiens d’Asie, même de son vivant, il est considéré comme le saint roi.
C’est un grand roi car c’est un grand saint
Pour appuyer ces dires, nous pouvons notamment faire référence à une anecdote historique tirée d’Etienne de Bourbon : Le roi, déguisé en écuyer, aurait distribué une grosse somme en deniers de sa propre main aux pauvres faisant l’aumône dans la cour du palais. En cela, on peut voir un acte double. Tout d’abord, un acte empli de bonté et d’humilité. Mais aussi un acte social. En effet, ne vaut-il pas mieux aider son peuple pour n’avoir que des mendiants plutôt que des brigands ? Sa charité chrétienne et son bon cœur ont permis d’établir une paix sociale dans le royaume.
Comme autres actes d’humilité et de piété, Louis avait l’habitude de procéder au lavement des pieds des plus pauvres, suivant ainsi les pas du Seigneur. Il veut dans la mesure du possible être le plus humble possible. D’ailleurs, il est dit qu’il n’avait ni parures ni vêtements précieux. Il s’habille simplement et demande à ses sujets d’en faire autant.
En 1270, Après une attaque à Tunis, le Roi tombe malade. Pendant plusieurs jours, le mal le frappe avec violence. Tremblant de fièvre, il insiste pour recevoir le viatique, la communion que l’on donne aux mourants, à genoux. Au milieu de la nuit, il s’écrie « Nous irons à Jérusalem !». Mais il ne parlait déjà plus de la Jérusalem terrestre. Couché sur un lit de cendres, les bras en croix, le roi Louis IX mourut le 25 août 1270, dans l’humilité la plus totale. Après sa mort et ses funérailles, le 22 mai 1271 à la basilique de Saint Denis à Paris, de nombreux miracles ont été recensés, jouant un rôle dans sa canonisation.
De nombreux miracles et une canonisation
Nous pouvons nous appuyer sur l’histoire, passée dans un village de France peu après la mort du Roi, d’un enfant de 4 ans, considéré comme cliniquement mort après un accident. Sans signe de vie, le corps froid et ne respirant plus depuis plusieurs heures, la famille avait commencé les préparatifs d’obsèques. La mère désespérée promit à saint louis un cierge à sa taille. Ce n’est que le lendemain, à l’heure où le cierge fut allumé, que la respiration de l’enfant reprit et ses fonctions vitales se rétablirent.
Cet exemple inexpliqué par la science, n’est pas l’unique témoignage des miracles de Saint Louis. Le 4 août 1297 à Orvieto, le Pape Boniface VIII annonce officiellement la canonisation de Louis IX appelé “Saint Louis de France” . Politiquement, cette canonisation a un impact important. Il manque en effet à la dynastie des Capétiens un saint qui puisse servir de modèle tout en renforçant sa légitimité devant Dieu et les hommes. Elle fait de Philippe le Bel et de ses fils, des descendants d’un Saint Roi. La monarchie capétienne est alors à son maximum de prestige et la France figure comme le royaume le plus puissant et le plus prospère de la chrétienté.
Le 11 août 1297, Boniface VIII publie la bulle de canonisation « Gloria Laus », fixant la fête du Saint Roi au 25 août, date de sa mort à Tunis Seule la qualification de martyr, alors qu’il conduisait la huitième croisade n’a pas été retenue.
La Sainte Chapelle
A l’époque de Saint Louis, les pèlerinages sont de plus en plus fréquents. Cet engouement est engendré à la suite de l’arrivée de plusieurs reliques en France. Des centaines de nouveaux centres religieux, abritant de plus en plus de reliques se créent et éclosent afin que tous puissent venir prier, en espérant que leurs intentions de prière se réalisent et soient entendues. Les pèlerinages deviennent dès lors un événement populaire. On se déplace en foule avec parents et amis, vers des sanctuaires dont la réputation s’amplifie au fur et à mesure que des miracles se produisent.
Plafond de la chapelle haute (Sainte-Chapelle) cc : denfr
Le premier grand pèlerinage fût celui de la Sainte Chapelle. Son chantier s’étale entre 1241 et 1248 et se situe au cœur de l’île de la Cité. Communément appelée la Chapelle d’or et de lumière, elle est construite pour protéger les Saintes Reliques que Saint Louis a rapportées de ses croisades et achetées à l’empereur Baudouin II de Constantinople, en besoin d’argent pour défendre son territoire. Elles sont alors au nombre de 22. On retrouve entre autres du saint sang, une pierre du saint sépulcre, du fer de la lance avec laquelle le centurion Longin avait percé le flanc de Jésus, de la Sainte Éponge que le bourreau avait présenté au Christ pendant son agonie, un fragment du Saint Suaire et de la tête de saint Jean-Baptiste, le roseau, le manteau de pourpre… Aujourd’hui il n’en reste plus que 3 : un fragment de la croix du Christ, un clou qui aurait permis d’attacher le Christ sur la croix et la couronne d’épine.
La grande châsse de la Sainte-Chapelle. « Histoire de la Sainte-Chapelle royale du palais enrichie de planches » par sauveur-Jérôme Morand, paris 1790
Les reliques sont conservées dans la grande châsse, un coffre-fort d’orfèvrerie de 2,70 mètres de large, qui trône dans l’abside de la chapelle haute. Le roi porte en permanence sur lui les dix clés servant à l’ouvrir et ne les confie à des personnes dignes de foi que contre signature de lettres de créance. A la Révolution française, les reliques furent déposées à l’abbaye de Saint-Denis, puis remises en 1804 à l’archevêque de Paris. Aujourd’hui, elles sont gardées autre part. La Sainte-Chapelle n’abrite donc plus ces reliques.
En termes d’architecture, la Sainte-Chapelle est composée de deux chapelles : la chapelle basse dédiée à la Vierge depuis laquelle les domestiques du palais et les officiers pouvaient suivre la messe, et la chapelle haute, dédiée au roi et à sa famille. Proche des berges de Seine, elle subira au cours des siècles diverses dégradations, dont la première, occasionnée par la crue de 1690, souffla les vitraux et abîma la modénature, exigeant un premier remaniement. Les proportions de la Sainte-Chapelle sont considérées comme les plus parfaites que l’on connaisse dans l’art gothique. Elles sont de 36 mètres de longueur hors œuvre ; 33 mètres dans œuvre ; largeur extérieure, 17 mètres ; intérieure, 16m,70.En ce qui concerne les vitraux, les 15 verrières (environ 15 mètres de haut sur 4,5 mètres de large) de la chapelle haute représentent 1113 scènes de la Bible, depuis Adam et Eve jusqu’à l’Apocalypse. Saint-Louis s’est lui-même représenté sur certaines de ces scènes. La rosace quant à elle, est un véritable chef d’œuvre. En style gothique flamboyant, nom qui provient des effets de flammes utilisés pour les vitraux. Elle ne date pas du 13e siècle comme les verrières, mais du XV siècle. Elle compte 87 pétales.
Le monument a connu bien des péripéties : endommagé par des incendies en 1630 et 1776, puis à la Révolution où il servait de lieu de stockage pour les archives du Palais de Justice, il a failli être détruit. Finalement, la Sainte chapelle est sauvée en 1836 grâce à la pression de l’opinion publique.
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