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6 raisons de dire merci aux Romains (ou pas)

28/02/2021 | by HERITAGES_OFF

En 52 avant Jésus-Christ, les Gaulois forment une coalition afin de résister face à l’avancée des armées romaines menées par Jules César. Après plusieurs années de guerre, des centaines de milliers de Gaulois meurent ; tandis que d’autres sont réduits en esclavage à Rome. En quelques années, les Gaulois perdent ce qu’on appellerait aujourd’hui leur « culture » (langue, religion…) au profit de la civilisation romaine. Il a suffi d’un demi-siècle pour que la Gaule soit transformée. 

Organisation des cités et du territoire

Les Romains s’attellent d’abord à pacifier, et surtout, à réorganiser les territoires ravagés par la guerre. Selon l’homme politique et historien Dion Cassius, un premier recensement a lieu en 27 avant Jésus-Christ, afin de connaitre « la manière de vivre et les formes de gouvernement » des Gaulois. Le pouvoir romain en place décide alors d’organiser les communautés depuis une ville principale. Les cités deviennent ainsi de petits États centrés sur une ville chef-lieu administrant un territoire. Ces cités sont dirigées par une élite locale qui doit se soumettre à des devoirs religieux et politiques vis-à-vis de Rome, qui, de son coté, veille au versement de l’impôt et à la bonne conduite de l’ensemble de l’administration. En vingt ans, sont fondées une soixantaine de villes comme Limonum-Poitiers.

Toutes les villes se développent selon le même schéma : une voierie régulière, un réseau de rues ; un forum, au centre de la ville, accompagné de bâtiments annexes ; la curie (lieu de réunion su sénat local) ; la basilique dédiée aux affaires publiques et juridiques ; ainsi que les théâtresamphithéâtres et thermes, caractéristiques et indispensables à la culture romaine. 

Théâtres et Amphithéâtres

A l’issue de la conquête, les Romains apportent dans leurs bagages deux lieux caractéristiques à leur culture et société : les théâtres et amphithéâtres
Les premiers s’implantent non seulement dans les villes (comme celle d’Autun ou de Lyon), mais également de manière assez importante en campagne, ce qui suggère l’idée que les populations elles-mêmes étaient désireuses de ces lieux. L’importation du théâtre en Gaule permet de créer des rencontres où se mêlent artisans, commerçants, riches et pauvres. Il est efficace pour opérer la fusion entre les différentes populations et pour développer les liens

Le théâtre romain vide à Autun. Photo JSL /Ketty BEYONDAS

Les pièces jouent un rôle important dans cette appropriation d’une nouvelle culture.  En effet, elles permettent de transmettre les valeurs morales et esthétiques issues du monde gréco-romain. Les Gaulois découvrent ainsi une nouvelle histoire (de vieilles légendes gréco-romaines, comme celle de Médée et Ariane, ou encore le cycle Troyen), et s’imprègnent d’une nouvelle civilisation apportée par les Romains. 
Les amphithéâtres, comme ceux toujours visibles à Arles, proposent aux habitants des spectacles de combat dans lesquels des gladiateurs affrontent des ours, des sangliers et peut-être même des taureaux…  Cela permet d’exalter les vertus guerrières et renforçait les liens d’une nouvelle civilisation. 

Les thermes 

Les thermes sont des établissements abritant des bains publics. Ils sont essentiels à la culture romaine : c’est un luxe, mais aussi une nécessité. Si le prix d’entrée varie en fonction des villes, il permet néanmoins à une large partie de la population d’y entrer ; faisant de celui-ci un lieu de mixité sociale. Les thermes font partie intégrante de la vie urbaine. Les Gallo-romains s’y lavent, rencontrent leurs amis, font du sport, jouent, et peuvent même se cultiver dans les bibliothèques ! Voici le schéma général :  après avoir déposé ses vêtements dans un vestiaire, le visiteur s’échauffe en faisant du sport pour transpirer (jeux de balles, courses etc..), il passe ensuite aux bains chauds et utilise un strigile pour se racler la peau, avant de pénétrer dans l’étuve. Puis, après s’être reposé, le baigneur passe aux bains tièdes et froids pour ensuite se faire masser, parfumer, voire épiler !

Représentation des thermes dans Astérix

Représentation des thermes dans Astérix

La Religion

Les Romains ont également, au fur et à mesure du temps, imposé leur religion. Pour cela, l’un de leur premier acte est d’interdire le druidisme. Plusieurs raisons sont avancées : d’une part, prévenir toute unité spirituelle gauloise, et d’autre part, détruire une partie du passé vécu par les Gaulois, effaçant par-là leur culture. 
Afin que les Gaulois acceptent le plus facilement possible ce changement, les Romains décident d’assimiler les principales divinités celtiques aux dieux du panthéon romain classique (comme pour Mercure), et de fondre certaines divinités locales dans une autre divinité romaine plus puissante. Par exemple, plusieurs divinités adorées par les Gaulois se fondent en la personne d’Hercule. Cette assimilation permet d’unifier les Gaulois autour de mêmes dieux, et minimise l’écart entre les conquérants et les conquis. 

La montagne sacrée du Donon, lieu de culte gallo-romain

La langue

La langue gauloise n’est transmise que par la parole et enseignée que par les druides, ce qui facilite la diffusion du Latin. Celle-ci devient rapidement la langue officielle sous le règne d’Auguste, utilisée dans l’administration et le droit. 

L’accès à la citoyenneté

Un Gaulois peut acquérir la citoyenneté romaine de plusieurs manières : 1° par le service militaire dans l’armée romaine, 2° par l’affranchissement, 3° par le mariage avec la fille d’un citoyen romain, 4° par l’exercice d’une magistrature dans le cadre d’une cité ayant obtenu le droit latin.
Afin d’encourager les Gaulois à acquérir la citoyenneté, celle-ci s’accompagne de privilèges :  commercer et faire carrière hors de la cité, ou encore payer moins d’impôts.  En retour, le citoyen doit obéir aux règles civiques et se soumettre à des obligations sociales.  
L’édit de Caracalla, en 212, faisant de tout homme libre résidant sur les territoires de l’Empire romain un citoyen romain, acheva le processus de romanisation.

« L’édit de Caracalla donne l’accès aux privilèges » Cesare Maccari, Palazzo Madama

A retenir

  • Les Romains changèrent considérablement le paysage gaulois en organisant les cités, en améliorant les voies de circulation, et en construisant des théâtres, amphithéâtres, et thermes, lieux caractéristiques de leur société et de leur culture. 
  • Les Romains s’attelèrent à éradiquer toute unité spirituelle gauloise, comme le druidisme, afin d’unifier les conquérants et les conquis autour de mêmes dieux.  
  • L’édit de Caracalla, en 212, finit de parachever la romanisation en accordant à tout homme libre résidant sur les territoires de l’Empire romain la citoyenneté romaine. 

Bibliographie

Pour aller plus loin

Par Océane Guichard

En 52 avant Jésus-Christ, les Gaulois forment une coalition afin de résister face à l’avancée des armées romaines menées par Jules César. Après plusieurs années de guerre, des centaines de milliers de Gaulois meurent ; tandis que d’autres sont réduits en esclavage à Rome. En quelques années, les Gaulois perdent ce qu’on appellerait aujourd’hui leur « culture » (langue, religion…) au profit de la civilisation romaine. Il a suffi d’un demi-siècle pour que la Gaule soit transformée. 

Organisation des cités et du territoire

Les Romains s’attellent d’abord à pacifier, et surtout, à réorganiser les territoires ravagés par la guerre. Selon l’homme politique et historien Dion Cassius, un premier recensement a lieu en 27 avant Jésus-Christ, afin de connaitre « la manière de vivre et les formes de gouvernement » des Gaulois. Le pouvoir romain en place décide alors d’organiser les communautés depuis une ville principale. Les cités deviennent ainsi de petits États centrés sur une ville chef-lieu administrant un territoire. Ces cités sont dirigées par une élite locale qui doit se soumettre à des devoirs religieux et politiques vis-à-vis de Rome, qui, de son coté, veille au versement de l’impôt et à la bonne conduite de l’ensemble de l’administration. En vingt ans, sont fondées une soixantaine de villes comme Limonum-Poitiers.

Toutes les villes se développent selon le même schéma : une voierie régulière, un réseau de rues ; un forum, au centre de la ville, accompagné de bâtiments annexes ; la curie (lieu de réunion su sénat local) ; la basilique dédiée aux affaires publiques et juridiques ; ainsi que les théâtres, amphithéâtres et thermes, caractéristiques et indispensables à la culture romaine. 

Représentation de Lugdunum, ville fondée par les soldats romains sur la colline de Fourvière

Théâtres et Amphithéâtres

A l’issue de la conquête, les Romains apportent dans leurs bagages deux lieux caractéristiques à leur culture et société : les théâtres et amphithéâtres. 
Les premiers s’implantent non seulement dans les villes (comme celle d’Autun ou de Lyon), mais également de manière assez importante en campagne, ce qui suggère l’idée que les populations elles-mêmes étaient désireuses de ces lieux. L’importation du théâtre en Gaule permet de créer des rencontres où se mêlent artisans, commerçants, riches et pauvres. Il est efficace pour opérer la fusion entre les différentes populations et pour développer les liens. 

Le théâtre romain vide à Autun. Photo JSL /Ketty BEYONDAS

Les pièces jouent un rôle important dans cette appropriation d’une nouvelle culture.  En effet, elles permettent de transmettre les valeurs morales et esthétiques issues du monde gréco-romain. Les Gaulois découvrent ainsi une nouvelle histoire (de vieilles légendes gréco-romaines, comme celle de Médée et Ariane, ou encore le cycle Troyen), et s’imprègnent d’une nouvelle civilisation apportée par les Romains. 
Les amphithéâtres, comme ceux toujours visibles à Arles, proposent aux habitants des spectacles de combat dans lesquels des gladiateurs affrontent des ours, des sangliers et peut-être même des taureaux…  Cela permet d’exalter les vertus guerrières et renforçait les liens d’une nouvelle civilisation. 

Les thermes 

Les thermes sont des établissements abritant des bains publics. Ils sont essentiels à la culture romaine : c’est un luxe, mais aussi une nécessité. Si le prix d’entrée varie en fonction des villes, il permet néanmoins à une large partie de la population d’y entrer ; faisant de celui-ci un lieu de mixité sociale. Les thermes font partie intégrante de la vie urbaine. Les Gallo-romains s’y lavent, rencontrent leurs amis, font du sport, jouent, et peuvent même se cultiver dans les bibliothèques ! Voici le schéma général :  après avoir déposé ses vêtements dans un vestiaire, le visiteur s’échauffe en faisant du sport pour transpirer (jeux de balles, courses etc..), il passe ensuite aux bains chauds et utilise un strigile pour se racler la peau, avant de pénétrer dans l’étuve. Puis, après s’être reposé, le baigneur passe aux bains tièdes et froids pour ensuite se faire masser, parfumer, voire épiler !

La Religion

Les Romains ont également, au fur et à mesure du temps, imposé leur religion. Pour cela, l’un de leur premier acte est d’interdire le druidisme. Plusieurs raisons sont avancées : d’une part, prévenir toute unité spirituelle gauloise, et d’autre part, détruire une partie du passé vécu par les Gaulois, effaçant par-là leur culture. 
Afin que les Gaulois acceptent le plus facilement possible ce changement, les Romains décident d’assimiler les principales divinités celtiques aux dieux du panthéon romain classique (comme pour Mercure), et de fondre certaines divinités locales dans une autre divinité romaine plus puissante. Par exemple, plusieurs divinités adorées par les Gaulois se fondent en la personne d’Hercule. Cette assimilation permet d’unifier les Gaulois autour de mêmes dieux, et minimise l’écart entre les conquérants et les conquis. 

La montagne sacrée du Donon, lieu de culte gallo-romain

La langue

La langue gauloise n’est transmise que par la parole et enseignée que par les druides, ce qui facilite la diffusion du Latin. Celle-ci devient rapidement la langue officielle sous le règne d’Auguste, utilisée dans l’administration et le droit. 

L’accès à la citoyenneté

Un Gaulois peut acquérir la citoyenneté romaine de plusieurs manières : 1° par le service militaire dans l’armée romaine, 2° par l’affranchissement, 3° par le mariage avec la fille d’un citoyen romain, 4° par l’exercice d’une magistrature dans le cadre d’une cité ayant obtenu le droit latin.
Afin d’encourager les Gaulois à acquérir la citoyenneté, celle-ci s’accompagne de privilèges :  commercer et faire carrière hors de la cité, ou encore payer moins d’impôts.  En retour, le citoyen doit obéir aux règles civiques et se soumettre à des obligations sociales.  
L’édit de Caracalla, en 212, faisant de tout homme libre résidant sur les territoires de l’Empire romain un citoyen romain, acheva le processus de romanisation.

« L’édit de Caracalla donne l’accès aux privilèges » Cesare Maccari, Palazzo Madama

A retenir : 

Par Océane Guichard pour Héritages

Les sources