Le soldat romain est très stéréotypé. On l’imagine avec un casque à plumes en crête, une armure très originale et jamais vue ailleurs, qui ressemble à des planches de métal à l’horizontal, mais aussi avec ce bouclier typique rectangulaire (et parfois même carré), immense, qu’il portait avec son fameux javelot et son très célèbre glaive. Sous cette armure, une tunique à la couleur vive, le plus souvent rouge (couleur qu’on associe systématiquement aux romains), mais parfois aussi verte, comme dans Astérix. Enfin, ses sandales, qu’aujourd’hui on trouverait improbables pour un guerrier endurci devant marcher quotidiennement des dizaines de kilomètres, viennent compléter le cliché.
En réalité, les équipements des soldats romains étaient très variés. L’on peut toutefois distinguer quelques traits distinctifs de l’équipement de la troupe principale à laquelle chacun pense : les légionnaires. Cependant, un soldat de César à Alésia, en 52 av. J.C. n’a pas grand-chose à voir, du point de vue de l’équipement, avec celui qui combat Attila aux Champs Catalauniques, en 451. Sans parler toutefois d’uniforme, les équipements variaient également entre les troupes.
L’équipement du légionnaire
L’équipement du légionnaire était composé de plusieurs éléments. Ces éléments n’étaient pas strictement identiques pour chaque légionnaire. Les éléments principaux étaient :
Les vêtements, enfin, ne sont pas à négliger : ils comportaient des significations, et n’étaient pas dus au hasard.
L’équipement du soldat romain reflétait évidemment la tactique romaine. Le bouclier, à la grande surface, témoigne de la tactique du « mur », qui consistait à se battre en rangs serrés, et à ne frapper l’ennemi qu’au plus près, ainsi qu’en attestent les glaives courts. Or la tactique romaine, justement, s’appuyait sur des troupes diverses.
Différents types de soldats
Aux côtés des légionnaires, il existait un grand nombre de troupes quelque peu oubliées. Ainsi les vélites, troupes légères que l’on se représente portant des peaux de loups sur la tête, furent remplacées au cours du Ier siècle av. J.C. par les Antesignani, littéralement « ceux devant le signe/l’enseigne » (c’est-à -dire l’aigle), armés d’une lance, de plusieurs javelots, d’une armure légère en bronze et de petits boucliers ronds, pour plus d’agilité. A la fin de l’Empire, au IVe puis au Ve siècle, apparurent les Lanciarii (ceux équipés d’une lance, les lanciers). L’on voit bien dans ce cas de figure la place de l’équipement dans l’armée romaine : il est défini par l’usage tactique, et peut définir le nom de la troupe.
Il n’a toutefois jusqu’à présent été question que des troupes romaines à proprement parler. Or les armées romaines n’étaient pas constituées uniquement de romains, loin s’en faut : une bonne partie de ces armées était faite de troupes auxiliaires, c’est-à -dire de soldats de peuples alliés ou clients fournis à Rome (comme les Eduens lors de la Guerre des Gaules, avant qu’ils ne se rallient à Vercingétorix). La cavalerie romaine, lors des campagnes de César, était ainsi constituée presque exclusivement de germains, les romains n’étant pas d’excellents cavaliers. Il n’était, on s’en doute, pas davantage question d’imposer à ces troupes auxiliaires des équipements normalisés ou des uniformes qu’aux légionnaires.
Des équipements très différents suivant l’époque
            L’équipement des soldats des premiers siècles de Rome, aux débuts de la République, n’avait pas grand-chose à voir avec celui des légionnaires de César puis de l’Empire. Les légionnaires de César disposaient par exemple de l’équipement « classique » du légionnaire, tel qu’on se l’imagine aujourd’hui, et tel que décrit précédemment. Au-delà des nouveaux types de troupes évoqués précédemment, le IVe siècle marque, avec la « barbarisation » de l’armée romaine, c’est-à -dire la place de plus en plus importante prise par les contingents « barbares », un changement progressif de l’équipement. Les braies, ancêtres du pantalon et vêtement typiquement gaulois ou germain, devinrent par exemple courantes parmi les légionnaires.  De même, la lance réapparut à grande échelle, et les boucliers se firent ovales. Enfin, la lorica segmentataest tout à fait supplantée par la lorica hamata.
Sources :
Pour aller plus loin :
Par Paul Morelli