Héritages

Il y a quelques jours, Héritages est parti à la rencontre de Victoria, une jeune assistante vétérinaire, amatrice à ses heures perdues d’une discipline appelée : escrime artistique de l’époque médiévale. C’est au sein de l’association Fortress Combat, à Angoulême, qu’elle exerce cette passion depuis mai 2021. Bien plus que de simples représentations artistiques, la troupe tente de faire revivre le quotidien du Moyen-Age. Victoria nous explique. 

En quoi consiste l’escrime artistique de l’époque médiévale ?

Concrètement, nous pratiquons des combats chorégraphiés de l’époque médiévale. Nous nous battons avec des bâtardes qui sont des épées de 1,5 kg. Nous les tenons à deux mains et leur poids permet d’accompagner nos mouvements. Lorsque nous sommes débutants, nous commençons par apprendre des passes et des positions classiques. Puis une fois intégrées, nous en apprenons de plus compliquées. 

Avant de pouvoir vraiment combattre, nous écrivons ce qu’on appelle des “phrases”, c’est-à-dire que l’on doit écrire notre combat, le mettre en forme. Les premières phrases que nous écrivons sont souvent simples, par exemple “tu commences le combat, mais à la fin c’est toi qui le perds”. Au fur et à mesure des entraînements, nous ajoutons, supprimons, modifions les phrases en fonction de la façon dont se déroule le combat, naturellement. Avant d’ajouter de nouvelles phrases, nous nous assurons de bien connaître et maîtriser les premières pour offrir un combat de plus en plus fluide. 

Quel matériel utilisez-vous ?

Le tout premier outil, très important, sur lequel nous nous appuyons est “le Talhoffer”. C’est un livre qui regroupe les manuscrits de Hans Talhoffer, un maître d’arme allemand de l’époque médiévale. Il a décrit toutes les techniques de combats médiévales et les a illustrées. Certains combats sont très détaillés, avec toutes les étapes du début à la fin. Pour d’autres, nous ne connaissons que la première et la dernière passe, et c’est à nous de créer le reste du combat. 

Pour nos tenues, nous essayons de rester le plus fidèles à l’Histoire. Elles peuvent avoir un style datant de 900 jusqu’à 1400 ou 1500, mais nous essayons d’être habillés avec des éléments de la même époque de la tête aux pieds. Généralement, nous nous fournissons au marché médiéval de Compiègne qui a lieu chaque novembre, mais nous fabriquons aussi nos propres costumes.

Nos épées, les bâtardes, sont forgées en Allemagne, chez un forgerons que nous connaissons bien. Il nous fournit des épées avec le même alliage, donc nous sommes assurés que nos épées vont tenir.

Qu’est ce qui te plaît dans cette discipline ?

Il y a une recherche historique derrière chaque mouvement que nous apprenons, derrière chaque costume que nous fabriquons, pour savoir si telle ou telle matière convient, si telle ou telle arme correspond bien à l’époque médiévale. Je trouve ça très intéressant de pouvoir allier la pratique du combat à l’Histoire. 

Et puis, la sensation quand on commence à bien connaître les passes et les enchaînements est vraiment géniale. Plus nous nous entraînons, plus c’est agréable d’enchaîner les passes et d’apprécier ce sport. Le principal c’est avant tout de s’amuser. 

Comment se déroule une représentation ? 

Le plus souvent nous sommes appelés par des châteaux, ou des villages afin de faire revivre le Moyen-Age le temps d’une journée, d’une soirée ou bien d’un week-end. Nous apportons tout notre matériel (tentes médiévales, trônes, armes, objets de la vie quotidienne au Moyen-Âge…) puis nous proposons des ateliers pour présenter nos armes (lances, épées, bocles, etc.) ou bien pour présenter des danses médiévales car dans l’associations certains jouent des instruments d’époque. Puis nous produisons nos combats et discutons avec les personnes qui viennent nous rencontrer. Finalement, on transporte les gens au Moyen-Age.

Propos recueillis par Anne-Charlotte Phan