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Armure, casque et sandales : outfit d’un soldat romain

07/03/2021 | by HERITAGES_OFF

Le soldat romain est très stéréotypé. On l’imagine avec un casque à plumes en crête, une armure très originale et jamais vue ailleurs, qui ressemble à des planches de métal à l’horizontal, mais aussi avec ce bouclier typique rectangulaire (et parfois même carré), immense, qu’il portait avec son fameux javelot et son très célèbre glaive. Sous cette armure, une tunique à la couleur vive, le plus souvent rouge (couleur qu’on associe systématiquement aux romains), mais parfois aussi verte, comme dans Astérix. Enfin, ses sandales, qu’aujourd’hui on trouverait improbables pour un guerrier endurci devant marcher quotidiennement des dizaines de kilomètres, viennent compléter le cliché.

En réalité, les équipements des soldats romains étaient très variés. L’on peut toutefois distinguer quelques traits distinctifs de l’équipement de la troupe principale à laquelle chacun pense : les légionnaires.  Cependant, un soldat de César à Alésia, en 52 av. J.C. n’a pas grand-chose à voir, du point de vue de l’équipement, avec celui qui combat Attila aux Champs Catalauniques, en 451. Sans parler toutefois d’uniforme, les équipements variaient également entre les troupes. 

L’équipement du légionnaire

L’équipement du légionnaire était composé de plusieurs éléments. Ces éléments n’étaient pas strictement identiques pour chaque légionnaire. Les éléments principaux étaient :

L’armure, dont on distingue :

  • Le casque (cassisou galea), aux modèles multiples mais dont la caractéristique était toujours une bonne protection des joues et de la nuque. Ceux des officiers étaient décorés de plumes teintes en crêtes ;
  • La cuirasse (lorica), qui pouvait elle aussi être très différente suivant le soldat. Les légionnaires en portaient généralement deux types : segmentata, comme sur l’illustration, ou hamata, en cotte de maille.

Les armes, qui étaient :

  • Le javelot (pilum), dont l’originalité était qu’il est très lourd en bas, et se pliait à l’impact, une fois le bouclier ennemi transpercé, ce qui handicapait beaucoup l’adversaire dans ses mouvements et le faisait se débarrasser de son bouclier, et donc de sa protection, le rendant plus vulnérable ;
  • Le glaive (gladius), arme courte (moins d’un mètre) et particulièrement aiguisé, permettant une grande agilité au combat. Son fourreau était maintenu par le baudrier (balteus) ;
  • Le bouclier (scutum), en métal, rectangle environ deux fois plus haut que large et renforcé d’une armature en bois à l’intérieur. La face avant était souvent décorée, et le bouclier renseignait sur l’identité du soldat et sur sa troupe.

Les vêtements, enfin, ne sont pas à négliger : ils comportaient des significations, et n’étaient pas dus au hasard.

  • La tunique (vestitus, ou tunica) était semblable à celle d’un civil au quotidien : d’une seule pièce, aux manches courtes et s’arrêtant au bas des cuisses. Il semble que leur couleur, contrairement à une idée reçue, ait la plupart du temps été le blanc. Elle était maintenue par la ceinture (cingulum) ;
  • Les officiers se distinguaient des soldats du rang en ce qu’ils portaient une écharpe de couleur (qui ne figure pas sur l’illustration) ;
  • Les sandales (caligae) étaient constituées d’une semelle sur laquelle est maintenu le pied grâce à des lanières de cuir. Elles permettaient de longues marches, et garantissaient une grande agilité.

L’équipement du soldat romain reflétait évidemment la tactique romaine. Le bouclier, à la grande surface, témoigne de la tactique du « mur », qui consistait à se battre en rangs serrés, et à ne frapper l’ennemi qu’au plus près, ainsi qu’en attestent les glaives courts. Or la tactique romaine, justement, s’appuyait sur des troupes diverses.

Différents types de soldats

Aux côtés des légionnaires, il existait un grand nombre de troupes quelque peu oubliées. Ainsi les vélites, troupes légères que l’on se représente portant des peaux de loups sur la tête, furent remplacées au cours du Ier siècle av. J.C. par les Antesignani, littéralement « ceux devant le signe/l’enseigne » (c’est-à-dire l’aigle), armés d’une lance, de plusieurs javelots, d’une armure légère en bronze et de petits boucliers ronds, pour plus d’agilité. A la fin de l’Empire, au IVe puis au Ve siècle, apparurent les Lanciarii (ceux équipés d’une lance, les lanciers). L’on voit bien dans ce cas de figure la place de l’équipement dans l’armée romaine : il est défini par l’usage tactique, et peut définir le nom de la troupe.

Il n’a toutefois jusqu’à présent été question que des troupes romaines à proprement parler. Or les armées romaines n’étaient pas constituées uniquement de romains, loin s’en faut : une bonne partie de ces armées était faite de troupes auxiliaires, c’est-à-dire de soldats de peuples alliés ou clients fournis à Rome (comme les Eduens lors de la Guerre des Gaules, avant qu’ils ne se rallient à Vercingétorix). La cavalerie romaine, lors des campagnes de César, était ainsi constituée presque exclusivement de germains, les romains n’étant pas d’excellents cavaliers. Il n’était, on s’en doute, pas davantage question d’imposer à ces troupes auxiliaires des équipements normalisés ou des uniformes qu’aux légionnaires.

Des équipements très différents suivant l’époque

L’équipement des soldats des premiers siècles de Rome, aux débuts de la République, n’avait pas grand-chose à voir avec celui des légionnaires de César puis de l’Empire. Les légionnaires de César disposaient par exemple de l’équipement « classique » du légionnaire, tel qu’on se l’imagine aujourd’hui, et tel que décrit précédemment. Au-delà des nouveaux types de troupes évoqués précédemment, le IVe siècle marque, avec la « barbarisation » de l’armée romaine, c’est-à-dire la place de plus en plus importante prise par les contingents « barbares », un changement progressif de l’équipement. Les braies, ancêtres du pantalon et vêtement typiquement gaulois ou germain, devinrent par exemple courantes parmi les légionnaires.  De même, la lance réapparut à grande échelle, et les boucliers se firent ovales. Enfin, la lorica segmentataest tout à fait supplantée par la lorica hamata.

Bibliographie

COSME, PIERRE, L’ARMÉE ROMAINE. VIIIE S. AV. J.C.-VE S. AP. J.C., ARMAND COLIN, 2012.

FORNARIS (Emile), AUBERT (Marc), « Le légionnaire romain, cet athlète méconnu », 

LE BOHEC, Yann, L’armée romaine, Picard, Paris, 1989.

OUAHNON, Marc, « L’équipement complet du parfait légionnaire romain », 

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Par Paul Morelli