Dans la rue de Monceau du VIIIearrondissement de Paris, près du parc éponyme, s’élève au numéro 63 une porte monumentale : le Musée Nissim de Camondo. Une fois passé la porte cochère et ses dépendances, une grande cour fermée s’ouvre à nous, et alors nous prenons conscience à la fois de la simplicité mais aussi de la magnificience singulière de ce petit hôtel particulier qui se voulait prétentieusement être l’héritage, si ce n’est la reproduction, d’un Versailles contemporain, mélangeant les styles et les modes du XVIIIeet du XIXesiècle.
C’est dans cette cour que notre petite communauté de l’association Héritages s’est rassemblée afin de visiter ensemble ce monument parisien qui reste trop peu connu et qui mériterait d’être plus célèbre. Dès l’entrée dans le hall du grand escalier, nous pouvons contempler un déploiement de richesses, dans un mélange de boiseries, d’or et d’argent, scientillant à la lueur des lustres et des chandeliers. Au rez-de-chaussée, une galerie servant de large couloir donne accès aux commodités, notamment à cette superbe cuisine conservée dans son état du début du XXesiècle où l’utilité fusionne avec l’art.
En montant l’élégant escalier, pur objet de représentation, celui-ci nous invite à découvrir les petits salons de l’étage, succession de pièces où les fauteuils, tables, jeux, bibliothèques se côtoient. S’approchant d’une fenêtre donnant sur le nord-ouest, notre regard s’ouvre sur le Parc Monceau, jardin public qui semble appartenir à l’hôtel tant celui-ci se fond dans ce magnifique décor très parisien…
Une visite qui nous renvoie à un Paris de la Belle Époque, où les jeux et légèreté de l’élite parisienne se manifestaient à l’intérieur de ces hôtels, où celui de Nissim s’inscrit merveilleusement. Cette élite parisienne insouciante qui devait vite revenir à la raison, touchée dans sa chair par le conflit mondial qui se prépare.
La visite prend fin et alors que notre tête reste emplie des anecdotes de ces murs, nous pouvons reprendre la rue de Monceau, les yeux resplendissants encore de tant de merveilles observées.
Émilien Vaille