Histoire de la Main de Massiges
En 1914, Massiges est un petit village de la Marne d’environ 150 habitants situé 60km à l’est de Reims et presque autant à l’ouest de Verdun. Lorsque la guerre éclate début août 1914, Massiges est rapidement menacée et le village est pris par les Allemands quelques semaines plus tard. Lors de la contre-attaque française, en septembre, les troupes coloniales puis les marsouins butent un raide contrefort deux kilomètres au nord du village s’étirant en cinq langues vers le sud, chacune séparée par une vallée profonde. C’est en raison de cette topographie particulière que les soldats français, qui y voyaient cinq doigts, la surnommèrent la Main. Après d’immenses efforts, les coloniaux ne parvinrent qu’à s’implanter fragilement
Aux confins des fronts de Champagne et d’Argonne, un an durant, des deux côtés les assauts et contre-attaques se succédèrent. Au mois de février les troupes du Kaiser entreprirent de chasser les Français de la côte 911. Après un barrage d’artillerie, les mines allemandes explosèrent, faisant détonner les mines françaises et créant un cratère immense à l’image de ceux de Vauquois. Les troupes françaises furent repoussées en contrebas des collines, au-delà du village de Massiges. Une offensive française eut lieu en mai-juin 1915, puis en septembre de la même année : elle parvint à reprendre la Main aux allemands, et à s’y installer fermement. Ces hauteurs ne seront plus le lieu d’offensives de grande ampleur (les combats ayant lieu en Somme) avant l’offensive alliée d’automne 1918 qui enleva finalement la position allemande, grevée de trous d’obus et de mines. 25 000 Français et sans doute autant d’Allemands y étaient morts.
Conservation et association
C’est en 2008 que l’association La Main de Massiges racheta le terrain de trois hectares. Son objectif de préserver et de fouiller le réseau de tranchées ainsi que de le mettre en valeur. L’association publie ainsi un bulletin trimestriel informant les membres de l’avancée des travaux. L’auteur de cet article se souvient lui-même y être passé enfant et y avoir discuté avec un membre de l’association, dont il conserve un heureux souvenir. Enfin, l’association accompagne les descendants de poilus ayant combattu ou ayant perdu la vie à Massiges, et permet par leurs effets personnels (comme la plaque d’identification), d’en retrouver les traces. Une rubrique entière de leur site internet est dévolue à cette activité.
Visiter la Main de Massiges
La Main de Massiges se démarque des autres champs de bataille de la Première Guerre Mondiale en ce qu’elle est reconstituée telle quelle. Il s’agit d’un lieu de mémoire, mais aussi d’une immersion. Tranchées, objets, voire parfois mise en scène permettent au visiteur de commencer à s’imaginer ce que devait être le quotidien de ses ancêtres dont, heureusement, il ne reste ni le bruit ni la mort. En cela, la Main de Massiges est une visite idéale pour tous les âges, mais en particulier pour les enfants et les moins jeunes, qui seront sans doute particulièrement intéressés par la forme « vivante » de ce véritable musée en plein air. Si la visite est libre et gratuite, l’association propose des visites guidées à des tarifs très abordables.
Le lieu est assez éloigné des grandes voies de transport, aussi est-il difficile d’y accéder autrement qu’en voiture, ou qu’en vélo pour les plus courageux. En voiture donc, le chemin le plus simple est l’A4, et de sortir, suivant si l’on vient de l’Est ou de l’Ouest, à Sainte-Menehould ou à Châlons-en-Champagne. Compte tenu du grand nombre de champs de bataille de la 1ère Guerre Mondiale, la Main de Massiges peut tout à fait être intégrée dans un périple de « voyage de mémoire ». Le village de Valmy, champ de bataille de la Révolution, n’est d’ailleurs qu’à quelques kilomètres.
Liens utiles
Site officiel de l’association La Main de MassigesÂ
La Main de Massiges – Ruines et vestiges – Massiges | Site officiel du tourisme en Champagne-Ardenne (tourisme-champagne-ardenne.com)
Die Schutzgräben von Main de Massiges (Champagne-Ardenne) (france.fr)Â
http://butte-vauquois.fr/Â
Par Paul Morelli pour Héritages