« Les tragédies révèlent les grands Hommes, mais ce sont les médiocres qui provoquent les tragédies ». Cette phrase de Maurice Druon, homme politique et membre de l’académie française, mondialement connu pour sa saga Les rois maudits, vient donner une cause au désastre de la guerre de Cent ans.
Au début du XIVe siècle, la France est le royaume majeur du monde chrétien. Pays le plus peuplé, le plus riche et le plus influent, il n’en sera pas moins humilié moins d’un demi-siècle plus tard, à la bataille de Crécy.
Une succession de souverains inconséquents, vaniteux, en lutte pour s’accaparer une couronne qui ne cesse de changer de tête et dont le point d’orgue sera la rivalité de Philippe VI de Valois et d’Edouard III d’Angleterre.
Une société en mutation, une dynastie qui s’éteint, deux rois pour une terre et tous les ingrédients sont réunis pour mettre la France et l’Angleterre à feu et à sang !
L’effondrement d’une dynastie
Dans ce bourbier, le grand roi Philippe IV le Bel (1268-1314) peut être un point de départ. Ce monarque appartient à la lignée des capétiens qui règne depuis plus de trois siècles sur le royaume de France et dont chaque roi laisse au moins un héritier mâle apte à lui succéder. Une dynastie d’une longévité inouïe à l’époque ! Mais elle va s’éteindre brutalement. Les trois fils de Philippe le Bel se succèderont sur le trône, Louis X « le Hutin », Philippe V « le long » et Charles IV « le Bel », et mourront tous dans des circonstances brutales sans laisser d’héritier mâle à leur suite.
Les conflits de succession vont s’enchaîner, les femmes seront écartées du trône et le pouvoir va finalement échoir, en 1328, à Philippe de Valois, dit « le roi trouvé », cousin germain de ses prédécesseurs. Son règne sera marqué par une haine réciproque et féroce avec le roi d’Angleterre Edouard III et à la réouverture du conflit avec le royaume de France, qui s’éternisera jusqu’à devenir la Guerre de Cent ans.
Le souverain anglais a de sérieux arguments à faire valoir à Valois ! Il est le fils d’Edouard II et d’Isabelle de France, qui n’est autre que la fille de Philippe le Bel. Le sang capétien coule dans ses veines et s’il n’a a priori pas de vue sur la couronne de France, il y verra l’opportunité de déclencher une guerre économiquement et géopolitiquement avantageuse, devant laquelle Philippe VI de Valois ne rechignera pas.
Une guerre d’abord menée à distance par les deux souverains
Les différentes décisions politiques ne vont faire que renforcer la haine que se vouent les deux souverains. A partir de 1333, le roi de France se positionne favorablement aux écossais, en guerre depuis 1296 avec l’Angleterre, et les soutient diplomatiquement et militairement. Edouard III, de son côté, met fin à l’exportation de laine vers les Flandres, l’un des principaux partenaires commerciaux de la France, achète des alliances avec les Pays-Bas, ne cesse de qualifier Philippe de Valois d’usurpateur… Le conflit en Guyenne fut la goutte d’eau dans un vase trop plein de rancÅ“urs et de coups politiques. En 1337, Philippe VI confisque ce territoire du sud-ouest de la France, pourtant sous domination anglaise depuis le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt en 1152. Le point de non-retour est atteint. Édouard III revendique haut et fort ses droits sur la couronne et cette année 1337 marque le début de l’un des plus longs épisodes du grand film de l’Histoire de France : La guerre de Cent ans.
Sources
Ouvrages :
Philippe Contamine, La guerre de Cent ans, PUF, 2010
Aude Mairey, La guerre de cent ans, Presse Universitaire de Vincennes, 2017
Vidéos :
Question d’Histoire, Les causes de la guerre de Cent ans, 24 février 2018. https://www.youtube.com/watch?v=9s9qEY80PRA
Une idée de lecture :
Maurice Druon, Les rois maudits, saga littéraire qui retrace l’extinction des capétiens directs et le basculement d’une France prospère et influente, vers un pays où sévit la famine, l’inflation, les conflits de successions et enfin la guerre.
Auteur : Antoine Brucker