12/06/2020 | by HERITAGES_OFF
UN DÉBUT DE RÈGNE CHAOTIQUE MAIS FORMATEUR (1643-1660)
« Un roi dont la naissance miraculeuse promettait à tout l’univers une vie pleine de miracles. » Valentin Esprit Fléchier (1632-1710) Surnommé Louis Dieudonné en raison de sa naissance « miraculeuse » (survenue après 23 ans de mariage !), il succède à son père, Louis XIII, le 14 mai 1643, et devient Louis XIV, Roi de France et de Navarre. Cependant, la majorité pour régner étant fixée à 13 ans, c’est sa mère Anne d’Autriche, secondée par Mazarin (1erministre et parrain de Louis XIV), qui assure la régence.
Dès son plus jeune âge, le jeune roi est confronté à une grave crise politique : la Fronde. En l’espace de quelques années, il assiste à des lits de justice houleux, reçoit des délégations parlementaires, fuit en pleine nuit le Palais-Royal, voit les Parisiens pénétrer dans sa chambre, est témoin des trahisons de son oncle Gaston d’Orléans et de son cousin le Grand Condé. Minée par les divisions et le jeu habile de Mazarin, la Fronde s’essouffle. Mais cette contestation du pouvoir royal marque profondément Louis XIV qui gardera une méfiance vis-à-vis du Parlement, de la population et des Nobles.
Après la Fronde, Mazarin se charge lui-même d’éduquer le Roi. Louis XIV participe aux séances du conseil et est initié aux affaires les plus secrètes pour lesquelles il affecte beaucoup d’intérêt. Brienne évoque dans ses mémoires : « Il ne manquait jamais de venir prendre une longue leçon de politique après le conseil ». Cette éducation politique forge la personnalité du Roi, notamment sa « compréhension du gouvernement comme un art, ainsi que l’utilisation de l’art pour régner. »[1]
Le 16 juin 1654, le sacre en la cathédrale de Reims unie « le souverain à son Dieu, à son peuple et aux grands »[2]et reconnait officiellement Louis XIV comme une personne sacrée choisie par Dieu pour gouverner. Après plusieurs années de chaos, la monarchie a enfin retrouvé son prestige. Afin de sceller une paix durable avec l’Espagne, Mazarin négocie un mariage entre l’Infante d’Espagne et Louis XIV, lequel doit renoncer à son amour pour Marie de Mancini, nièce de Mazarin. C’est la raison d’État qui l’emporte. Le 9 juin 1660, dans un faste inouï, Louis XIV épouse Marie-Thérèse à Saint-Jean-de-Luz. Après la signature du traité de Westphalie et celui des Pyrénées, le cardinal Mazarin laisse à Louis XIV une position nouvelle sur la scène internationale.
Manoir de Jacques Cartier en Bretagne
LOUIS XIV AURÉOLÉ DE GLOIRE (1661-1690)
L’ECLIPSE DU SOLEIL (1691-1715)
« La France n’est plus qu’un grand hôpital désolé »Fénelon (1651-1715) Aux fastes et à la grandeur, succèdent l’austérité et la tragédie. En 1709, un froid sibérien connu aujourd’hui comme « le petit âge glaciaire » s’abat sur la France provoquant la mort de centaines de milliers de Français[5] : « Rien qu’à Paris, il est mort 24 000 personnes du 5 janvier à ce jour… On entend parler tous les matins de gens qu’on a trouvés morts de froid ; on trouve dans les champs des perdrix gelées. »[6]La misère s’installe et la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) finit de ruiner la France. Si « le Roi voudrait, aux dépend de tout, voir son peuple le plus heureux »[7], cette crise détruit l’unité sociale du royaume ainsi que la confiance que les Français ont pour le Roi.
A Versailles, l’image du Roi-Soleil auréolé de gloire a laissé place à celle d’un Roi vieillissant, malade, se déplaçant sur sa « roulette » pour soulager son mal. Tous les plus grands esprits qui ont contribué à faire du XVIIème siècle « le Grand siècle » sont partis : Molière, Racine, Lully, Colbert, Le Nôtre, Le Vau, Le Brun, Hardouin-Mansart, La Montespan, Madame de Sévigné… ne laissant à Versailles que des souvenirs.
Louis XIV doit également faire face à une tragédie familiale. Alors que sa descendance faisait l’admiration de toutes les cours d’Europe, Louis XIV, dévasté, voit disparaitre toute sa lignée en moins d’un an, à l’exception du petit Duc d’Anjou (futur Louis XV), ce qui plonge le Roi dans une profonde douleur, comme le commente Madame Palatine :« J’ai vu le Roi hier, à onze heures, il est en proie à une telle affliction qu’il attendrirait un rocher ; (…) à tout moment les larmes lui viennent aux yeux, et il étouffe ses sanglots. J’ai une frayeur mortelle qu’il ne tombe lui-même malade, car il a très mauvaise mine. Je le plains du fond de l’âme ».
En plus de cette douleur, Louis XIV est inquiet pour sa succession, sachant pertinemment (pour l’avoir vécu lui-même) que la régence est une période de grande instabilité pour la monarchie. Il rédige ainsi un testament limitant les pouvoirs de son neveu le Duc d’Orléans, dont il se méfie, qui s’empressera de le casser à la mort du Roi. Alité sur son lit à partir d’août 1715, ses forces l’abandonnent peu à peu. Avant de rendre son dernier souffle, il tient à dire adieu à sa famille dont son arrière-petit-fils auquel il confie :« Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulagez vos peuples. (…) Ne m’imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets ». Puis, tel un comédien clôturant son dernier acte, il s’adresse aux grands offices de la cour en ces termes : « Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours ; soyez-y fidèlement attachés ». Le dimanche 1erseptembre 1715, Louis XIV meurt mettant fin à un règne de 72 ans. Selon l’usage, le premier gentilhomme se rend alors sur le balcon de la chambre du souverain et annonce « Messieurs, le Roi est mort, vive le Roi ! »
En clair
Sources :
Notes :
Par Océane Guichard pour Héritages
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