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Madame de Pompadour, une favorite pas comme les autres

02/01/2022 | by HERITAGES_OFF

Plus connu pour ses conquêtes féminines que territoriales et politiques, Louis XV, âgé de vingt-trois ans, voit un tournant s’opérer dans sa vie conjugale en 1733. L’annonce par sa femme, la princesse polonaise Marie Leszczynska alors âgée de trente ans, d’une séparation de  corps de peur d’une nouvelle grossesse qui pourrait lui être fatale, le projette dans une vie de plaisirs  charnels et de conquêtes féminines. S’entichant d’abord des quatre sœurs de Mailly-Nesle, il trouve en Madame de Pompadour une piètre amante, mais une confidente, amie et ministre virtuose qu’il ne peut que difficilement remplacer malgré l’arrivée de la duchesse du Barry, sa dernière amante, dans ses couches. 

UN AMOUR DES ARTS

Née en 1721, Jeanne-Antoinette Poisson est placée au couvent des Ursulines à l’âge de cinq ans, suite à un revers de fortune de son père. Déjà maîtresse de ses charmes, elle envoûte les ursulines qui la surnomment « Reinette ». Un sobriquet qui désigne toutefois bien le destin de cette bourgeoise promise à une place de reine. 

En 1730, elle a neuf ans. Sa mère la reprend du couvent et lui offre un enseignement des arts dits d’agrément, qui feront d’elle une femme distinguée. Aussi, elle est initiée au dessin, à la musique, à la peinture, à la gravure, à la danse, au chant et enfin à la déclamation. 

Si ces enseignements font d’elle une femme de valeur, ils en font aussi une femme de lettres. Elle intégrera ainsi les salons littéraires, tels ceux de Madame de Tencin, où elle se tissera un réseau et apprendra l’art de la conversation, nécessaire pour se démarquer au sein des élites intellectuelles. Enfin, elle développera un amour prononcé pour les arts, augurant son futur mécénat. Femme cultivée et intelligente, elle est mariée à l’âge de dix-neuf ans à Charles Guillaume Le Normant d’Étiolles. Mais cinq ans plus tard, en 1745, il se séparent légalement. 

De son mariage à sa rencontre avec le roi, Jeanne-Antoinette, grâce à sa beauté, son esprit et ses goûts littéraires et artistiques, se fait connaître du monde intellectuel. Elle organise notamment des représentations dans le théâtre qu’elle a fait construire au château d’Etiolles, et est l’hôtesse des salons cultivés et mondains parisiens. Parmi ses invités se trouvent Voltaire ou encore le diplomate et homme de lettres abbé de Bernis. 

Si l’influence dans les arts de la future marquise tend à être cantonnée à son idylle royale, son impact effectif remonte en réalité aux années 1740, alors qu’elle n’est âgée que d’une vingtaine d’années. 

SA RELATION PARTICULIÈRE AVEC LE ROI 

Toutefois, femme ambitieuse, forte de la prophétie légendaire selon laquelle une voyante lui aurait  prédit qu’elle deviendrait la maitresse du roi, elle fait appelle à ses relations, et notamment aux frères Pâris, des financiers proches du roi, pour entrer en contact avec ce-dernier. C’est à l’occasion d’une chasse qu’elle le rencontre finalement. L’idylle naissante du roi et de la future marquise se concrétise au bal des Ifs, marquant ainsi un tournant historique, tant sur le plan personnel pour Jeanne-Antoinette, que national pour la  France, en matière de politique artistique et culturelle. 

Les représentations les plus courantes de la marquise la montrent livre en main, à côté d’un globe ou feuilletant une partition de musique. Si elles sont témoins de sa culture et de son éducation, certaines peintures le sont également des politiques littéraires et culturelles qu’elle a menées. Favorite en titre de 1745 à 1751, puis amie et confidente du souverain jusqu’à sa mort en 1764, la  marquise de Pompadour, anoblie en 1750, a pu développer ses politiques artistiques et culturelles à l’échelle nationale, contribuant ainsi au plaisir du roi, à ses ambitions personnelles, et au  rayonnement de la France. 

François Boucher, Portrait de Madame de Pompadour, 1756, huile sur toile, 201 x 157 cm, Die Pinakotheken

DES MESURES CONCRÈTES POUR LE RAYONNEMENT DE LA CULTURE

La marquise organise de nombreuses représentations théâtrales, banquets, salons… auxquels le roi participe. Dès 1746, elle fréquente le Château de Choisy-le-Grand, où elle missionne l’architecte Ange-Jacques Gabriel et le peintre François Boucher de construire un théâtre pour lequel elle dessine elle-même la forme de la scène. Une fois construit, ce théâtre est dédié aux plaisirs artistiques et royaux. Elle y donne des représentations et joue elle-même pour le bon plaisir du roi. C’est la femme la plus puissante sous le règne de Louis XV. La Cour lui faisait la cour, comme si elle était reine.

Son influence sur les décisions royales lui permet de soutenir de nombreux intellectuels et artistes. Parmi eux, son ami François-Marie Arouet dit Voltaire. Elle soutient également des projets permettant l’éducation du peuple telle L’Encyclopédie, que Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert ont publié entre 1751 et 1772. Pour cela, l’écrivain contemporain Martial Debriffe lui donne le nom de « Marquise des Lumières ». Elle fait de François Boucher, un peintre qu’elle affectionne particulièrement, son peintre officiel dont nous gardons de nombreux portraits de la marquise. 

Madame de Pompadour recevait ministres, hommes de pouvoir et ambassadeurs. Elle était la vitrine de la royauté.

LA FINESSE DE MADAME DE POMPADOUR

Le XVIIIe siècle est marqué par les nombreuses découvertes archéologiques, tel le site d’Herculanum en Italie. Ces trouvailles eurent une forte influence dans les arts. Elles permirent l’atténuation du fastueux et excessif style Rococo, en faveur de styles de plus en plus épurés (style  Régence entre 1690 et 1723, puis style Rocaille de 1723 à 1750), pour atteindre le fameux style Pompadour – parfois considéré comme le second style Louis XV, mettant ainsi en lumière l’émulation entre ces deux êtres. 

Nous pouvons voir des volutes dorées, récurrentes dans les motifs antiques comme le montre cette mosaïque d’Herculanum représentant Neptune et Amphitrite.

Témoin de l’influence de Madame de Pompadour dans le secteur artistique et culturel français du XVIIIe siècle, ce style se caractérise par un retour des drapés, caractéristiques de l’Antiquité, et l’apparition de rayures, formes simples et rectilignes, arabesques et compositions symétriques, témoins de la précision antique et en rupture avec le style Rococo. A l’image de la marquise, le style Pompadour est fin et épuré.

SON RÔLE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA MANUFACTURE ROYALE DE SÈVRES

Bien que détestée par la noblesse du fait de son origine bourgeoise, haïe par la famille royale –  elle était surnommée « maman putain » par le Dauphin – et en proie à des critiques populaires, elle  participa néanmoins au rayonnement de la France. L’exemple le plus éloquent est sans doute celui de la manufacture de porcelaine de Vincennes créée en 1740. Elle sera déplacée seize ans plus tard à Sèvres. Si l’art de la porcelaine n’était maîtrisé que par la Chine, le Japon et la Saxe, Madame de Pompadour hissa la France au rang des exceptions.  

La porcelaine française se distingue des autres productions de porcelaine par un certain savoir-faire et des innovations techniques. Elle a sa propre gamme de couleurs ce qui lui donne une particularité nationale : le bleu-lapis (1752), le bleu céleste (1753,  selon une commande officielle du roi), le violet (1770), le vert Saxe (1755-1756), le jaune (souvent associé aux camaïeux de bleu, étant des couleurs complémentaires) et enfin le rose lilas également appelé, par son inventeur Philippe Xhrouet, le « rose Pompadour » (1757). 

Si de nombreuses porcelaines de la Manufacture royale de Sèvres sont conservées au Louvre (dont une  visible actuellement dans la salle 623 du premier niveau de l’aile Sully sous le numéro d’inventaire  OA 11355), c’est au musée de la manufacture de Sèvres que sont exposés les plus beaux artéfacts.

Ces vases auraient été commandés par Madame de Pompadour, et peints par Charles-Nicolas Dodin. Nous observons la finesse et la précision des traits formant les roses et autres motifs végétaux témoignant de la délicatesse de ce style, épuré des frasques du Rococo. La rose n’est pas sans rappeler la marquise, surtout du fait de sa couleur, le « rose Pompadour » aussi dénommé rose lilas.

Sur les conseils de la Pompadour, Louis XV organisait à Versailles une exposition-marché afin de présenter et de vendre les productions de la manufacture royale de porcelaine. Cet événement permettait de diffuser au maximum la porcelaine sur le territoire national et européen ; mais encore, de ré-insuffler l’argent récolté dans d’autres domaines artistiques et culturels. La marquise de Pompadour aimait l’utiliser dans le mécénat d’artiste. Elle participait ainsi tant au rayonnement culturel qu’économique de la France.

En conclusion, si la roturière Jeanne-Antoinette Poisson ne semblait pas prédestinée à  régner sur le domaine des arts et de la culture, son éducation, son éloquence tant verbale que  physique, et ses ambitions lui ont permis d’avoir une influence considérable sur le rayonnement de  la France en Europe, raffermissant sa place parmi les grandes puissances européennes. Aussi, si le  règne de Louis XV, coincé entre le roi Soleil et la Révolution française, n’est que peu, voire pas  connu, l’influence de Madame de Pompadour reste conséquente, étant l’un des seuls noms  que l’on retient généralement de ce règne. 

Bibliographie

Louis TRENARD, « POMPADOUR JEANNE ANTOINETTE POISSON marquise de (1721-1764) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 27 décembre 2021. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/jeanne-antoinette-pompadour/

Millet, Audrey. « LA MANUFACTURE DE SÈVRES OU LES STRATÉGIES DE L’IMITATION. ENTRE ACQUISITION D’UN SAVOIR-FAIRE ET MARQUEUR D’IDENTITÉ (XVIIIE-XIXE SIÈCLES) », Entreprises et histoire, vol. 78, no. 1, 2015, pp. 36-48.

Préaud, « LES RÉVOLUTIONS DE LA MODE : MADAME DE POMPADOUR ET LA SCULPTURE EN CÉRAMIQUE », in Madame de Pompadour et les arts, catalogue d’exposition, Versailles, Réunion des Musées Nationaux, 2003, p. 478-483

Michel GALLET, « GABRIEL ANGE JACQUES – (1698-1782) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 31 décembre 2021. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/ange-jacques-gabriel/

Marianne ROLAND MICHEL, « BOUCHER FRANÇOIS – (1703-1770) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 31 décembre 2021. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/francois-boucher/

Pierre de NolhacLouis XV et Madame de Pompadour, Paris, Éditions Calmann-Lévy, 1903, 292 p. (lire en ligne), chap. 1er (« Madame Le Normant d’Étioles »), p. 41.

Madame de Pompadour et les Arts, 14 février 2002 au 19 mai 2002, description de l’exposition, https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/madame-de-pompadour-et-les-arts

SON RÔLE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA MANUFACTURE ROYALE DE SÈVRES

Par Alexia Meimoun

Plus connu pour ses conquêtes féminines que territoriales et politiques, Louis XV, âgé de vingt-trois ans, voit un tournant s’opérer dans sa vie conjugale en 1733. L’annonce par sa femme, la princesse polonaise Marie Leszczynska alors âgée de trente ans, d’une séparation de  corps de peur d’une nouvelle grossesse qui pourrait lui être fatale, le projette dans une vie de plaisirs  charnels et de conquêtes féminines. S’entichant d’abord des quatre sÅ“urs de Mailly-Nesle, il trouve en Madame de Pompadour une piètre amante, mais une confidente, amie et ministre virtuose qu’il ne peut que difficilement remplacer malgré l’arrivée de la duchesse du Barry, sa dernière amante, dans ses couches. 

Un amour des arts

Née en 1721, Jeanne-Antoinette Poisson est placée au couvent des Ursulines à l’âge de cinq ans, suite à un revers de fortune de son père. Déjà maîtresse de ses charmes, elle envoûte les ursulines qui la surnomment « Reinette ». Un sobriquet qui désigne toutefois bien le destin de cette bourgeoise promise à une place de reine. 

En 1730, elle a neuf ans. Sa mère la reprend du couvent et lui offre un enseignement des arts dits d’agrément, qui feront d’elle une femme distinguée. Aussi, elle est initiée au dessin, à la musique, à la peinture, à la gravure, à la danse, au chant et enfin à la déclamation. 

Si ces enseignements font d’elle une femme de valeur, ils en font aussi une femme de lettres. Elle intégrera ainsi les salons littéraires, tels ceux de Madame de Tencin, où elle se tissera un réseau et apprendra l’art de la conversation, nécessaire pour se démarquer au sein des élites intellectuelles. Enfin, elle développera un amour prononcé pour les arts, augurant son futur mécénat. Femme cultivée et intelligente, elle est mariée à l’âge de dix-neuf ans à Charles Guillaume Le Normant d’Étiolles. Mais cinq ans plus tard, en 1745, il se séparent légalement. 

De son mariage à sa rencontre avec le roi, Jeanne-Antoinette, grâce à sa beauté, son esprit et ses goûts littéraires et artistiques, se fait connaître du monde intellectuel. Elle organise notamment des représentations dans le théâtre qu’elle a fait construire au château d’Etiolles, et est l’hôtesse des salons cultivés et mondains parisiens. Parmi ses invités se trouvent Voltaire ou encore le diplomate et homme de lettres abbé de Bernis. 

Si l’influence dans les arts de la future marquise tend à être cantonnée à son idylle royale, son impact effectif remonte en réalité aux années 1740, alors qu’elle n’est âgée que d’une vingtaine d’années. 

Sa relation particulière avec le roi 

Toutefois, femme ambitieuse, forte de la prophétie légendaire selon laquelle une voyante lui aurait  prédit qu’elle deviendrait la maitresse du roi, elle fait appelle à ses relations, et notamment aux frères Pâris, des financiers proches du roi, pour entrer en contact avec ce-dernier. C’est à l’occasion d’une chasse qu’elle le rencontre finalement. L’idylle naissante du roi et de la future marquise se concrétise au bal des Ifs, marquant ainsi un tournant historique, tant sur le plan personnel pour Jeanne-Antoinette, que national pour la  France, en matière de politique artistique et culturelle. 

Les représentations les plus courantes de la marquise la montrent livre en main, à côté d’un globe ou feuilletant une partition de musique. Si elles sont témoins de sa culture et de son éducation, certaines peintures le sont également des politiques littéraires et culturelles qu’elle a menées. Favorite en titre de 1745 à 1751, puis amie et confidente du souverain jusqu’à sa mort en 1764, la  marquise de Pompadour, anoblie en 1750, a pu développer ses politiques artistiques et culturelles à l’échelle nationale, contribuant ainsi au plaisir du roi, à ses ambitions personnelles, et au  rayonnement de la France. 

François Boucher, Portrait de Madame de Pompadour, 1756, huile sur toile, 201 x 157 cm, Die Pinakotheken

Des mesures concrètes pour le rayonnement de la culture

La marquise organise de nombreuses représentations théâtrales, banquets, salons… auxquels le roi participe. Dès 1746, elle fréquente le Château de Choisy-le-Grand, où elle missionne l’architecte Ange-Jacques Gabriel et le peintre François Boucher de construire un théâtre pour lequel elle dessine elle-même la forme de la scène. Une fois construit, ce théâtre est dédié aux plaisirs artistiques et royaux. Elle y donne des représentations et joue elle-même pour le bon plaisir du roi. C’est la femme la plus puissante sous le règne de Louis XV. La Cour lui faisait la cour, comme si elle était reine.

Son influence sur les décisions royales lui permet de soutenir de nombreux intellectuels et artistes. Parmi eux, son ami François-Marie Arouet dit Voltaire. Elle soutient également des projets permettant l’éducation du peuple telle L’Encyclopédie, que Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert ont publié entre 1751 et 1772. Pour cela, l’écrivain contemporain Martial Debriffe lui donne le nom de « Marquise des Lumières ». Elle fait de François Boucher, un peintre qu’elle affectionne particulièrement, son peintre officiel dont nous gardons de nombreux portraits de la marquise. 

Madame de Pompadour recevait ministres, hommes de pouvoir et ambassadeurs. Elle était la vitrine de la royauté.

La finesse de Madame de Pompadour

Le XVIIIe siècle est marqué par les nombreuses découvertes archéologiques, tel le site d’Herculanum en Italie. Ces trouvailles eurent une forte influence dans les arts. Elles permirent l’atténuation du fastueux et excessif style Rococo, en faveur de styles de plus en plus épurés (style  Régence entre 1690 et 1723, puis style Rocaille de 1723 à 1750), pour atteindre le fameux style Pompadour – parfois considéré comme le second style Louis XV, mettant ainsi en lumière l’émulation entre ces deux êtres. 

Nous pouvons voir des volutes dorées, récurrentes dans les motifs antiques comme le montre cette mosaïque d’Herculanum représentant Neptune et Amphitrite.

Témoin de l’influence de Madame de Pompadour dans le secteur artistique et culturel français du XVIIIe siècle, ce style se caractérise par un retour des drapés, caractéristiques de l’Antiquité, et l’apparition de rayures, formes simples et rectilignes, arabesques et compositions symétriques, témoins de la précision antique et en rupture avec le style Rococo. A l’image de la marquise, le style Pompadour est fin et épuré.

Son rôle dans le développement de la Manufacture royale de Sèvres

Bien que détestée par la noblesse du fait de son origine bourgeoise, haïe par la famille royale –  elle était surnommée « maman putain » par le Dauphin – et en proie à des critiques populaires, elle  participa néanmoins au rayonnement de la France. L’exemple le plus éloquent est sans doute celui de la manufacture de porcelaine de Vincennes créée en 1740. Elle sera déplacée seize ans plus tard à Sèvres. Si l’art de la porcelaine n’était maîtrisé que par la Chine, le Japon et la Saxe, Madame de Pompadour hissa la France au rang des exceptions.  

La porcelaine française se distingue des autres productions de porcelaine par un certain savoir-faire et des innovations techniques. Elle a sa propre gamme de couleurs ce qui lui donne une particularité nationale : le bleu-lapis (1752), le bleu céleste (1753,  selon une commande officielle du roi), le violet (1770), le vert Saxe (1755-1756), le jaune (souvent associé aux camaïeux de bleu, étant des couleurs complémentaires) et enfin le rose lilas également appelé, par son inventeur Philippe Xhrouet, le « rose Pompadour » (1757). 

Si de nombreuses porcelaines de la Manufacture royale de Sèvres sont conservées au Louvre (dont une  visible actuellement dans la salle 623 du premier niveau de l’aile Sully sous le numéro d’inventaire  OA 11355), c’est au musée de la manufacture de Sèvres que sont exposés les plus beaux artéfacts.

Ces vases auraient été commandés par Madame de Pompadour, et peints par Charles-Nicolas Dodin. Nous observons la finesse et la précision des traits formant les roses et autres motifs végétaux témoignant de la délicatesse de ce style, épuré des frasques du Rococo. La rose n’est pas sans rappeler la marquise, surtout du fait de sa couleur, le « rose Pompadour » aussi dénommé rose lilas.

Sur les conseils de la Pompadour, Louis XV organisait à Versailles une exposition-marché afin de présenter et de vendre les productions de la manufacture royale de porcelaine. Cet événement permettait de diffuser au maximum la porcelaine sur le territoire national et européen ; mais encore, de ré-insuffler l’argent récolté dans d’autres domaines artistiques et culturels. La marquise de Pompadour aimait l’utiliser dans le mécénat d’artiste. Elle participait ainsi tant au rayonnement culturel qu’économique de la France.

En conclusion, si la roturière Jeanne-Antoinette Poisson ne semblait pas prédestinée à  régner sur le domaine des arts et de la culture, son éducation, son éloquence tant verbale que  physique, et ses ambitions lui ont permis d’avoir une influence considérable sur le rayonnement de  la France en Europe, raffermissant sa place parmi les grandes puissances européennes. Aussi, si le  règne de Louis XV, coincé entre le roi Soleil et la Révolution française, n’est que peu, voire pas  connu, l’influence de Madame de Pompadour reste conséquente, étant l’un des seuls noms  que l’on retient généralement de ce règne. 

Alexia Meimoun

Bibliographie

Louis TRENARD, « POMPADOUR JEANNE ANTOINETTE POISSON marquise de (1721-1764) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 27 décembre 2021. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/jeanne-antoinette-pompadour/

Millet, Audrey. « LA MANUFACTURE DE SÈVRES OU LES STRATÉGIES DE L’IMITATION. ENTRE ACQUISITION D’UN SAVOIR-FAIRE ET MARQUEUR D’IDENTITÉ (XVIIIE-XIXE SIÈCLES) », Entreprises et histoire, vol. 78, no. 1, 2015, pp. 36-48.

Préaud, « LES RÉVOLUTIONS DE LA MODE : MADAME DE POMPADOUR ET LA SCULPTURE EN CÉRAMIQUE », in Madame de Pompadour et les arts, catalogue d’exposition, Versailles, Réunion des Musées Nationaux, 2003, p. 478-483

Michel GALLET, « GABRIEL ANGE JACQUES – (1698-1782) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 31 décembre 2021. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/ange-jacques-gabriel/

Marianne ROLAND MICHEL, « BOUCHER FRANÇOIS – (1703-1770) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 31 décembre 2021. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/francois-boucher/

Pierre de Nolhac, Louis XV et Madame de Pompadour, Paris, Éditions Calmann-Lévy, 1903, 292 p. (lire en ligne), chap. 1er (« Madame Le Normant d’Étioles »), p. 41.

Madame de Pompadour et les Arts, 14 février 2002 au 19 mai 2002, description de l’exposition, https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/madame-de-pompadour-et-les-arts

Pour aller plus loin 

Secrets d’Histoire – Elles ont régné sur Versailles, à partir de 1h05  https://www.youtube.com/watch?v=LyYYuhQUWsg