Après l’essor du Protestantisme de Luther et de Calvin au XVIe siècle, l’Eglise catholique a contre-attaqué ; c’est la Contre-Réforme. Le XVIIe siècle, parfois surnommé le « Siècle des Saints », fut donc celui de la reconquête catholique ; et Louis XIV s’en fit le chef de guerre. La deuxième moitié du XVIIe siècle fut donc une époque d’une rare ferveur religieuse, et, par conséquent, une période de tensions et, ponctuellement, de violences religieuses particulièrement violentes, entre religions, mais également entre les différentes tendances de l’Eglise catholique.
Catholicisme et monarchie
L’Eglise catholique était en effet très liée à la monarchie française. Depuis la conversion de Clovis au début du VIe siècle, qui a fait de lui le premier roi chrétien, la France est connue comme la « fille ainée de l’Eglise », et le roi portait le titre de « très chrétien ». Louis XIV était par ailleurs un roi de droit divin : il tenait son pouvoir de Dieu, et ne devait rendre de comptes à personne. La religion occupait donc une grande place dans le pouvoir royal. De plus, le roi était entouré de gens d’Eglise, comme Bossuet, célèbre pour ses sermons dans lesquels il critiquait le roi.
Louis XIV a toute sa vie fait preuve d’une grande foi religieuse. Cette foi, et la conviction qu’il avait d’avoir le devoir de protéger l’Eglise, expliquent par exemple la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, qui contraint les protestants du Royaume à se convertir ou à s’exiler : le roi catholique veut régner sur un royaume catholique. Cette décision a été vivement critiquée, notamment parce qu’elle a donné lieu à de terribles violences, les « dragonnades ».
L’Eglise catholique, entre triomphe et divisions
Le jésuitisme
Les jésuites sont les membres de la « Compagnie de Jésus », fondée par Ignace de Loyola en 1539. Leur but est l’évangélisation des non-croyants et l’éducation des enfants catholiques. Beaucoup d’instituteurs de l’époque étaient donc des jésuites. Enfin, ils pensent que le péché originel n’est pas irrémédiable, et qu’à force de bonnes actions, un chrétien peut se faire valoir auprès de Dieu et accéder au paradis. Puisqu’ils sont très liés au pape, le pouvoir royal s’en méfiait.
Le jansénisme
​Les Jansénistes (du nom de leur fondateur Jansen) étaientun groupe de catholiques particulièrement croyants et rigoristes. Ils pensaient en effet, à la différence des jésuites et de beaucoup de croyants de l’époque, que si les bonnes ou mauvaises actions peuvent influencer le choix de Dieu, c’est qu’il n’est pas tout-puissant. Pour les Jansénistes, Dieu a tout prévu, et a déjà choisi qui ira en enfer, qui au paradis. Ils étaient donc les ennemis des Jésuites et du pouvoir royal, qui alla jusqu’à détruire leur couvent de Port-Royal et à ravager leurs cimetières. Les écrivains Pascal et Racine étaient jansénistes.
Le quiétisme
​Le quiétisme (de quies, quietis en latin : le repos) étaitenfin une doctrine adoptée par certaines catholiques selon laquelle la prière et la méditation sont les meilleurs moyens d’accéder à Dieu, au détriment des actes. Les quiétistes s’opposaient ainsi aux jésuites. Le pouvoir royal se méfiait aussi d’eux.
Les minorités religieuses
Les protestants
​Bien que vivant en communautés principalement concentrées dans le Sud-Ouest et dans la vallée du Rhône, ainsi qu’en Alsace, les protestants étaient plutôt bien intégrés à la société catholique. Beaucoup d’artisans, de marchands, de banquiers étaient protestants. La révocation de l’Edit de Nantes et les terribles violences qui ont suivi ont obligé 200 000 protestants (1% de la population du royaume) à s’exiler en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Angleterre.
Les juifs
​Les juifs ne représentaient qu’une infime minorité de la population du royaume, vivant exclusivement en communautés. Ils habitaient principalement Avignon, où ils étaient sous la protection du pape, et la Lorraine, alors indépendante. Une importante communauté juive habitait Bordeaux et Bayonne.
Un âge d’or de l’art religieux
Louis XIV, souverain très catholique et protecteur des arts, a encouragé la floraison de l’art religieux. Les œuvres artistiques religieuses servent ainsi la gloire du roi et celle de l’Eglise. C’est pourquoi les compositeurs de la Cour, Lully ou Delalande, sont chargés de composer des Te Deum et autres motets (morceau de musique vocale religieuse), et les peintres, comme Le Brun, de représenter sur des tableaux et des plafonds de grandioses scènes bibliques, dans lesquelles figurent parfois le roi. L’architecte Hardouin-Mansart est enfin chargé de construire la chapelle de Versailles
[1]Par Diliff — Travail personnel, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=999715
Pour aller plus loin :
Par Paul Morelli
Vive Louis XIV !