02/02/2020 | by HERITAGES_OFF
Le contexte : contestation des ministères et désaveu de la politique de Charles X (1825-1829)
Si Charles X quand il était jeune fut aimé par le peuple, sa popularité ne fut que fugitive. Le roi, si tôt sur le trône, montre son attachement pour les valeurs de l’Ancien régime et les prérogatives royales. Il ressuscite notamment les titres de nobles, comme celui du Dauphin, et se fait sacrer Roi de France en mai 1825 dans la cathédrale de Reims. Ces actions, témoins de son attachement à la royauté, déroutent puis alarment l’opinion. Le roi tente en 1825 de faire voter la loi sur le sacrilège qui servirait à lutter contre l’impiété. De nombreuses critiques sont émises à son égard et le projet est bloqué par la Chambre des pairs qui souhaite protéger les acquis révolutionnaires.
Sacre de Charles X par Baron François Gérard
De 1827 à 1829, une véritable coalition antiministérielle se forme afin d’entrainer la chute du gouvernement du comte de Villèle. Certaines manifestations de rue ont également lieu, menées par les étudiants, et la position du gouvernement devient de moins en moins sûre. Le comte de Villèle tente de consolider sa majorité par une nouvelle élection dans les circonscriptions mais le gouvernement est battu et Villèle est contraint de démissionner le 3 janvier 1828. Après le ministère expresse de Martignac, renvoyé par le roi car trop conciliant, c’est le prince de Polignac qui prend la tête du gouvernement et le constitue uniquement avec des hommes politiques ultras (le parti qui soutient Charles X). Les critiques sont très vives et la presse relaie de plus en plus d’idées révolutionnaires. Il ne reste plus qu’une seule solution pour le gouvernement soutenu par Charles X : l’appel au pays suite à la dissolution de la chambre.
Joseph de Villèle
Jules de Polignac
Les préparatifs de la révolution : les 4 ordonnances de Saint Cloud (mars à juillet 1830)
Polignac décide donc de faire appel au pays et mène campagne dans toute la France avec le slogan suivant « Qu’un même drapeau nous rallie ! C’est votre roi qui vous le demande, c’est un père qui vous appelle. » Les opposants également mènent campagne et gagnent avec 274 élus sur 450 soit 60% des suffrages. Le roi, ne prenant pas compte de ce vote, décide de sauver la nation de ces égarements en passant au-dessus des obstacles constitutionnels. Il fait voter le 25 juillet 1830 les 4 ordonnances de Saint Cloud « nécessaires pour la sûreté de l’Etat » selon l’article 14 de la charte
Charles X signant les ordonnances
Première ordonnance de Saint Cloud
Château de Saint Cloud
La première ordonnance vient censurer la presse, la seconde dissout la nouvelle chambre, la troisième réforme l’élection en n’accordant le droit de vote uniquement à une certaine catégorie de la population française, enfin la dernière fixait la date d’une nouvelle élection. Les ordonnances, contraires au principe du gouvernement constitutionnel, déclenchent la fureur du peuple et notamment des parisiens qui dès le 27 juillet 1830 descendent dans la rue.
Les 3 glorieuses, journées d’émeute dans Paris
Premier jour : Commencée le 27 à midi, dans le centre de Paris, par des attroupements autour des imprimeries de journaux, dont les commissaires de police voulaient saisir les presses, l’insurrection s’organise sérieusement dans la nuit du 27 au 28, où les ouvriers du quartier de l’Est et les étudiants du quartier des écoles s’associent pour construire des barricades.
Constitution d’une barricade
2ème jour : Le 28, derrière le drapeau tricolore, le peuple, conduit par des vieux soldats de l’Empire, s’empare du faubourg Saint-Antoine, de l’Hôtel de Ville et de Notre-Dame. Marmont qui tente de lui reprendre, a énormément de mal à faire avancer ses 8000 hommes, épuisés de chaleur, lapidés et fusillés du haut des toits et des fenêtres. Après avoir vainement réoccupé l’Hôtel de Ville, il leur ordonne le soit de se replier sur les tuileries. Dans la nuit du 28 au 29, les chefs républicains, dirigés par Godefroy Cavaignac, et rejoints par des élèves de l’école Polytechnique, prennent les dernières dispositions pour l’offensive finale.
Combats devant le Louvre
3ème jour : S’armant dans les carnes et confectionnant des cartouches sur les places de l’Odéon et de Saint Sulpice, les insurgés s’avancent, dès le matin du 29, sur la caserne de la rue de Babylone et l’occupent. Ils se portent ensuite sur le Louvre, envahi par surprise au début de l’après-midi, ainsi que les Tuileries. Marmont, déjà abandonné par deux de ses régiments, n’a d’autre solution que d’évacuer la capitale par les Champs-Élysées. Le peuple devient maître de Paris et ses colonnes parcourent la capitale en criant : « Vive la République ! ».
Les conséquences des 3 glorieuses : pas de République pour les révolutionnaires
Si le peuple se soulève et demande la République, il n’en est rien du côté des députés. Ces derniers vont se tenir à l’écart des émeutes et ne soutiennent ni le roi ni les Républicains. C’est ainsi que la solution orléaniste apparaît aux yeux de tous comme étant la meilleure. Louis-Philipe, duc d’Orléans se voit offrir la lieutenance générale du royaume, qu’il accepte le 30 juillet. Le soir même, ce dernier s’installe dans sa résidence parisienne du Palais-Royal.
Deux obstacles demeurent : le peuple et le roi. Le 31 juillet, suite à l’inaction des chefs populaires, imposent leur solution en rédigeant une proclamation en faveur du duc d’Orléans. Ce dernier prononce un discours à l’Hôtel de Ville et grâce au soutien de La Fayette, parvient à faire faiblir les dernières résistances du peuple. Charles X quant à lui, encore officiellement roi, et entouré par plus de 12000 gardes au Château de Rambouillet, finit par abdiquer le 2 août. Le peuple parisien ayant décidé de marcher sur Rambouillet, le vieux roi s’exile à Cherbourg puis en Ecosse et enfin en Autriche où il meurt en 1836.
Embarquement de Charles X pour l’Ecosse
Portrait de Louis-Philipe Ier
Le 3 août, les chambres réunies, déclarent le trône vacant et y appelle le duc d’Orléans, qui prend le nom de Louis-Philipe Ier et le titre de roi des Français, symbole d’une royauté nouvelle et élective. Le 9 août, prêtant serment à la Charte révisée, il se voit remettre couronne, sceptre, glaive et main de justice et prend officiellement possession de ses fonctions.
En résumé :
Par Mathilde Gadeyne pour Héritages