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Charles Louis Napoléon Bonaparte (1808 – 1873) en 5 minutes

03/04/2022 | by HERITAGES_OFF

Dans cet article, nous vous proposons de revenir sur les évènements marquants de la vie de Charles Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III. Vous verrez, c’est un digne titulaire de l’ADN Bonaparte.

UN BONAPARTE, DE NOM COMME DE TEMPÉRAMENT

Né le 20 avril 1808 à Paris, Charles Louis Napoléon Bonaparte est le troisième fils du troisième frère de Napoléon Ier. Contraints de quitter la France après la chute de l’Empire en 1815, lui et sa famille s’installent à Rome où il est élevé dans le culte et la mémoire de son oncle, ce qui ne sera pas sans conséquences…

En effet, par deux fois, à Strasbourg en 1836, puis à Boulogne en 1840, Charles Louis Napoléon tente de s’emparer, infructueusement, du pouvoir. Si sa première tentative de coup d’État est punie par un exil aux États-Unis qui ne sera que peu de temps respecté, le seconde est réprimandée par un enfermement à perpétuité dans la forteresse de Ham, dans la Somme. Toutefois, son emprisonnement n’est pas signe de privation, bien au contraire : il étudie, écrit, et reçoit dans sa cellule qu’il dénomme « université du Ham », où il semble donc bien s’y complaire. Néanmoins dès qu’une occasion de fuir se présente, il la saisit au moyen d’un stratagème fort bien élaboré : profitant des travaux de rénovation dans sa cellule, il enfile un habit d’ouvrier, porte une planche sur son épaule pour dissimuler son visage, et franchit ainsi les portes de la prison vers sa liberté, en ce 25 mai 1846.

Château de Ham

UNE ULTIME CONQUÊTE DU POUVOIR

S’il se réfugie à Londres suite à son évasion de la prison du Ham, Charles Louis Napoléon Bonaparte ne va pas rester inactif bien longtemps. En effet, il participe à la Révolution des 22, 23 et 24 févriers 1848 qui mène à l’abdication du roi Louis-Philippe et donc à la fin de la Monarchie de Juillet. La Seconde République est alors proclamée le 24 mai 1848.

Des élections au suffrage universel masculin sont de ce fait organisées afin de mettre à la tête de ce nouveau régime un homme qui saurait respecter les principes républicains. Le 10 décembre 1848 un nom ressort avec 74% des voix : Charles Louis Napoléon Bonaparte.

La Constitution prévoyait un mandat non renouvelable de 4 ans pour le président qui n’avait que des pouvoirs exécutifs, le pouvoir législatif étant conféré à l’Assemblée nationale. Cette mesure du mandat non renouvelable avait pour but d’éviter toute tentative de prise de pouvoir par un unique homme, comme l’Histoire en a déjà été témoin par le passé ; néanmoins, cette même Histoire verra qu’un Bonaparte ne peut se contenter de seulement 4 années de pouvoir.

UNE ASCENSION CONTINUE, DE PRÉSIDENT À EMPEREUR

En 1851, soit à la fin des 4 ans de mandat, Bonaparte souhaite se représenter. Or, ne pouvant réaliser 2 mandats consécutifs, le président propose une modification de la Constitution, ce que l’Assemblée nationale refuse. Aussi,  le 2 décembre 1851, il organise un coup d’État en dissolvant l’Assemblée nationale, en donnant l’ordre aux armées d’occuper Paris afin d’empêcher barricades et émeutes, et enfin, soumet au peuple un plébiscite – ancêtre du référendum – leur demandant s’il approuve son coup d’État. La réponse étant positive à 76%, Bonaparte reste au pouvoir et fait ainsi modifier la Constitution qui lui octroie désormais les pouvoirs pour 10 ans.

Enfin, le 2 décembre 1852, il soumet un nouveau plébiscite aux français leur demandant s’ils sont favorables à un régime impérial. La France répond majoritairement par l’affirmative – de gré ou de force, nous ne le saurons jamais… – et ainsi Louis Napoléon Bonaparte devient l’empereur Napoléon III. Il est toutefois à noter que le 2 décembre n’est pas une date anodine. En effet, le sacre de Napoléon Ier eu lieu le 2 décembre 1804. Un an plus tard ce dernier remportait la bataille d’Austerlitz.

UN EMPEREUR AUX GRANDES AMBITIONS : FAIRE DE PARIS LA CAPITALE DES ARTS

Bien qu’à la tête d’un régime totalitaire, marqué par la violation des libertés, et notamment celle de la presse, ainsi que par un contrôle policier fort, Napoléon III a d’autres ambitions que le simple règne ; il veut notamment faire de Paris la capitale internationale des Arts.

C’est ainsi que le Baron Georges Eugène Haussmann, préfet de Bordeaux, est nommé Préfet de la Seine le 29 juin 1853 par Napoléon III qui a beaucoup apprécié les politiques menées à Bordeaux. Aussi, l’empereur le porte au pouvoir afin que le Baron Haussmann mette en place une politique de rénovation de la ville, dans un but esthétique, mais également de salubrité, de sécurité – construire de larges places et boulevards pour ne pas que des barricades ne se forment et pour avoir un meilleur contrôle policier -, de transport et distribution des personnes, des denrées alimentaires, d’eau, de courriers et d’informations.

C’est également sous son règne qu’est construit l’Opéra Garnier, classé Monument Historique en 1923. Un concours est mis en place pour dénicher le meilleur architecte qui sera le plus à même de mener le chantier voué à la construction d’une « Académie impériale de musique et de danse ». C’est Charles Garnier qui est proclamé vainqueur, suite au vote unanime du comité d’experts chargés de ce concours, et qui hérite ainsi de ce chantier, qui s’étend de 1861 à 1875, et dont le monument qui en résulte est encore aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre.

Opéra Garnier

Une action surprenante de l’empereur dans cette volonté de faire de Paris la capitale des arts a été  d’accepter, si ce n’est d’encourager, l’organisation et la tenue du fameux Salon des Refusés de 1863. Cela semble très étonnant quand on sait qu’à cette époque l’École des Beaux arts (fondée en 1817) était l’institution qui avait le monopole sur toutes les productions artistiques et déterminait les canons et codes que devaient respecter les artistes, au risque d’être refusés par l’Académie, comme ce fut le cas pour les impressionnistes. Or, une manière de présenter les chefs-d’œuvre sélectionnés par l’École, car répondant à ses normes, n’était autre que le Salon. Aussi, organiser un « Contre-Salon » est une forme de contestation du pouvoir de l’École des Beaux Arts, et indirectement de l’empereur qui soutient cette institution.

Le déjeuner sur l’herbe – Édouard Manet (1863)

On pourrait ainsi voir dans le choix de Napoléon III une volonté de découvrir de nouveaux styles propices au rayonnement de la France. Il laisse même être exposé le Déjeuner sur l’herbe (originellement intitulé Bain) que Manet réalise cette même année, dans ce Salon des Refusés, alors même qu’il déclenche un scandale par la nudité des femmes.

Aussi, si les libertés étaient opprimées, l’Art et le « style empire » ont quant à eux fleuris durant l’Empire, qui s’effondra en 1870.

LA GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE, GLAS DE LA CHUTE DE L’EMPIRE

Le 19 juillet 1870, alors que l’armée française n’est pas préparée, et encore moins à affronter une armée prusse forte et unifiée, la France déclare la guerre à la Prusse. En moins de deux mois, l’armée de Napoléon III est totalement défaite. L’empereur est fait prisonnier le 1er septembre 1870 à l’issu de la bataille de Sedan. Envoyé en exil en Angleterre, il meurt le 9 janvier 1873 dans le petit village de Chislehurst, près de Londres.

L’empire est mort, Vive la IIIe République !

Bibliographie :

Par Alexia Meimoun