Notre Dame de la Belle Verrière, Cathédrale de Chartres

Véritable hommage à la Vierge Marie ce vitrail n’est pas en manque de symboliques et est un terrain oh combien propice aux analyses. En effet force est de constater que notre regard se porte dans un premier temps sur la figure centrale du vitrail qui n’est autre que la Vierge, régnant sur son trône céleste avec sur ses genoux son Enfant. En regardant de plus près nous pouvons remarquer l’influence orientale, provenant des croisades, et se cristallisant au sein de sa pose ainsi que de ses vêtements. Notons aussi l’imposante couronne sur sa tête qui serait , quant à elle, une représentation de la couronne impériale appartenant à Charles le Chauve et conservée dans le trésor de la cathédrale de Chartres jusqu’au XIVe siècle. 

Figure longiligne vêtue d’un bleu particulier, aussi nommé « bleu de Chartres », la Vierge se détache nettement du criard fond pourpre. Ce bleu doux aux tons clairs serait en réalité réalisé à base d’oxyde cobalt. Autrefois déprécié par les romains, qui considéraient cette couleur comme porteuse de malheur ou synonyme de débauche, le bleu a retrouvé ses lettres de noblesse durant l’époque Médiévale et ce en partie grâce à la figure de la Vierge Marie. Exit le mauvais oeil ou la petite vertu, le bleu est à présent comparable au ciel divin et c’est pourquoi la Vierge est toujours représentée avec des habits de cette couleur ! 

Et quand est-il de son visage? Un simple coup d’oeil suffit à nous faire dire que cette représentation de la Vierge n’est pas dénuer de douceur. L’énigmatique et bienveillant sourire qui pare ses lèvres permet aux observateurs de ne pas se sentir écrasés par cette imposante figure mais, au contraire, protégés et couvés par le regard maternel de Marie. L’Enfant Jésus, pour sa part, affiche une mine paisible et l’on peut remarquer que ce dernier tient dans sa main gauche un livre sur lequel est écrit: « omnis vallis implebitur »  soit « Toute vallée sera comblée ».  Cette phrase, surprenante au premier abord, est en réalité tirée  d’une citation que Saint Luc met dans la bouche de Saint Jean-Baptiste lorsqu’il annonce la venue proche du Christ : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées ; ce qui est tortueux sera redressé, et les chemins raboteux seront aplanis ; et toute chair verra le salut de Dieu. ». Une fois n’est pas coutume le vitrail revêt une fonction didactique et montre de nouveau que l’art et la foi ont une longue histoire commune aussi ancienne que fertile.