Perte d’un œil, explosion du maxillaire supérieur, écrasement de la face… Il suffit d’observer les fiches des matricules militaires des soldats de 1914-1918 pour rapidement tomber sur un blessé ayant subi une déformation du visage, alors en poste sur le front.
Ces plus de 10 000 gueules cassées font partie des 93 000 blessés[1]plus ou moins gravement durant les combats ou même pendant un instant d’accalmie (accidents de fusils, embrasement des munitions, voire même le froid intense en hiver gelant les orteils ou les pieds des soldats qu’il fallait très vite amputer afin d’éviter la propagation de la gangrène). Ces plaies, si elles peuvent être une fierté pour certains de ces hommes, sont pour la grande majorité d’entre eux des traumatismes psychologiques. Les blessures au visage apparaissent dès les premiers instants de la guerre, en août 1914, au moment où les affrontements furent particulièrement violents. Ces soldats sont alors réformés, envoyés dans les entrepôts de munitions pour continuer – à leur façon – la guerre, ou même sont renvoyés dans leur foyer. Tant que le conflit menace le territoire français, l’opinion publique ne s’intéresse pas encore à ces malheureux. Il faut attendre la fin de la guerre, dès 1921, pour que les gueules cassées puissent se rassembler en association dans l’Union des blessés de la face et de la tête[2]pour réclamer des indemnités et une reconaissance officielle dans la lutte de la préservation de leur dignité.
Plus tard, à l’été 1933, est fondée la Loterie nationale, institution qui organisait des loteries sur tout le territoire pour subventionner les anciens combattants, notamment les gueules cassées à partir de 1935. Si le principe des jeux d’argent pose un problème moral à la société, les causes que défend la Loterie permet à l’institution de subsister.
Dans une époque où la chirugie esthétique n’était qu’à son commencement, il était bien difficile de recréer un visage « humain » à des hommes qui avaient le sentiment de ne plus l’être. Des artistes, notamment des femmes, se mirent au travail pour redonner vie aux gueules cassées. C’est le cas par exemple d’Anna Coleman Ladd[3], de Jane Poupelet[4], sculptrices, ou encore de Suzanne Noël, médecin, qui firent des moulages en cire des visages des blessés, les travaillant afin de reconstituer une symétrie et une esthétique faciale.
Ces prothèses sont alors teintées aux couleurs de la peau de l’individu, accrochées par une ficelle à l’arrière de la tête. Cette pratique, contraignante par le poids du masque et par son imperfection, reste malgré tout très limitée à une poignée de vétérans et nombreux sont ceux qui devaient vivre au quotidien, au milieu de la société, avec leur visage déformé.
A retenir :
Pour aller plus loin :
N’hésitez pas à vous plonger dans le merveilleux roman de Pierre Lemaître Au-revoir là -haut, publié en 2013 et récompensé par le prix Goncourt. L’auteur y retranscrit parfaitement l’histoire des gueules cassés dans la France d’après-guerre.
Bibliographie :
Par Emilien Vaille
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