Les quatre qualités à acquérir
Preux, vaillant, brave, noble, majestueux … tels sont les termes le plus souvent associés aux chevaliers.La chevalerie apparait au XIe siècle comme un groupe social centré sur le partage de valeurs. Les chevaliers sont de brillants et braves spécialistes du combat. Les chevaux, les armes et les valeurs morales sont centraux. Selon Georges Duby, la chevalerie est organisée au tour de 4 axes :
Les prérequis pour pouvoir prétendre devenir chevalier
“Chevalier†signifie “celui qui va à cheval donc il faut un cheval et tous les équipements inhérents : armure, nourriture et entretien du destrier…etc. Le cheval et l’argent sont donc deux prérequis indispensables. Le destrier est l’outil principal du chevalier. Au Moyen Age, les races de chevaux et les différences qui en découlent sont inconnues. Ils étaient désignés de manière générale par rapport au type d’activité auquel ils étaient destinés. Il existait quand même une sorte de catégorisation des chevaux en fonction de leur capacité à être dressé et de leurs aptitudes naturelles. Quant au destrier, il était sélectionné et dressé pour la guerre. Les destriers étaient sélectionnés pour leur taille, leur agilité et leur force. Pour pouvoir s’offrir un fidèle et puissant destrier, l’apprenti chevalier et sa famille doivent récolter beaucoup d’argent d’autant plus que l’animal ne peut servir qu’à partir au combat ou à participer à des tournois. En effet, la viande de cheval était proscrite par l’Église et les chevaux ne produisent pas de lait, de laine ou de corne.
L’adoubement ou l’étape ultime
Avant d’être adoubé, l’apprenti chevalier va devoir passer par différentes étapes depuis son plus jeune âge. C’est à 7 ans que le jeune garçon est envoyé chez le seigneur pour débuter sa formation. En tant que Galopin dans un premier temps, la tâche qui occupe principalement ses journées est le nettoyage et le rangement des écuries. Après quelques années, le galopin devient Page. Il peut désormais s’occuper du cheval, lui prodiguer des soins. Il commence à recevoir des cours d’équitation. Le Page peut être amené à accompagner les plus âgés à la chasse et à se mettre au service de la Dame du Château. A l’âge auquel tu as passé ton brevet, l’apprenti chevalier va devenir écuyer. A partir de ce moment, il va découvrir le métier de chevalier en les aidant à se préparer pour les tournois, en partant avec eux au combat.
Après être resté à peu près 4 ans écuyer, il est temps de devenir un chevalier à part entière. L’adoubement est la cérémonie qui permet à l’écuyer de devenir chevalier. La veille de cette grande cérémonie, l’écuyer passe la nuit avec son parrain, qui est en fait le seigneur qui le protège. Ils prient ensemble. Le chevalier place alors sa main sur l’Évangile et récite le serment des chevaliers :
- Tu croiras à tous les enseignements de l’Église et tu observeras ses commandements.
- Tu protègeras l’Église.
- Tu respecteras tous les faibles et t’en constitueras le défenseur.
- Tu aimeras le pays où tu es né.
- Tu ne fuiras jamais devant l’ennemi.
- Tu combattras les infidèles avec acharnement.
- Tu rempliras tes devoirs féodaux, à condition qu’ils ne soient pas contraires à la loi divine.
- Tu ne mentiras jamais et tu seras fidèle à ta parole.
- Tu seras libéral et généreux.
- Tu seras toujours le champion du droit et du bien contre l’injustice et le mal
Respecter le serment des chevaliers ou piétiné tu seras
Le serment et les règles que doivent suivre les chevaliers sont des règles qu’il est possible de qualifier d’universelles. L’historien et lexicographe Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781) , explique que « les lois de la Chevalerie auraient pu être adoptées par les plus sages législateurs et par les plus vertueux philosophes de toutes les nations et de tous les temps ». Le serment est une suite d’ordres pour le chevalier. En cas de non-respect de ses commandements, le chevalier est proclamé indigne d’être chevalier, son épée est brisée, son blason est littéralement piétiné et tout le monde peut l’insulter à sa guise. L’ex-chevalier est ensuite placé sur une civière, recouvert d’un drap noir et emmené jusqu’à l’église ou l’on récitera les prières des défunts.
La christianisation de la chevalerie
A l’origine, l’Eglise voit d’un très mauvais œil la chevalerie. Elle trouve ces pratiques barbares et excessivement violentes du fait des razzias et des destructions opérés par les chevaliers. Assez vite, l’Eglise va chercher à détourner en sa faveur l’action des chevaliers : elle va christianiser l’action et les principes chevaleresques. Les chevaliers vont devenir de véritables gardiens de l’ordre public, protégeant toujours les plus faibles.
La paix de dieu et la trêve de dieu sont les deux outils qui vont être utilisés afin de christianiser la chevalerie. L’un va limiter et encadrer la violence et l’autre va suspendre temporairement les combats. La paix de dieu va avoir pour but de limiter et d’encadrer la violence. La trêve de dieu porte bien son nom : l’on va suspendre pendant un temps donné toute activité guerrière. La trêve de dieu sera mise en place à l’occasion des grands temps religieux comme l’Avent, le Carême et Pâques, ou encore lors des fêtes de la Vierge. Ces deux outils sont donc redoutablement efficaces pour l’Eglise.
A partir de la fin du XI ème siècle, l’on va détourner cette violence vers l’extérieur, vers les « païens ». C’est l’une des raisons qui explique l’appel à la croisade qui aura lieu le 27 novembre 1095 par le Pape Urbain II après le Concile de Clermont. Les chevaliers sont appelés à partir en croisade pour faire pénitence, se racheter et sauver les chrétiens présents sur ces terres mises à mal par les « païens ».
« Ô fils de Dieu ! Après avoir promis à Dieu de maintenir la paix dans votre pays et d’aider fidèlement l’Église à conserver ses droits, et en tenant cette promesse plus vigoureusement que d’ordinaire, vous qui venez de profiter de la correction que Dieu vous envoie, vous allez pouvoir recevoir votre récompense en appliquant votre vaillance à une autre tâche. C’est une affaire qui concerne Dieu et qui vous regarde vous-mêmes, et qui s’est révélée tout récemment. Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide. »
Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana,Â
dans Recueil des historiens des croisades, historiens occidentaux. Cité par M. Balard, A. Demurger, P. Guichard dans Pays d’Islam et monde latin Xe-XIIIe siècles. Hachette, Paris, 2000
A partir de cet appel, deux types de chevalier vont émerger : les croisés et les autres. Cette croisade eut alors comme cri de ralliement « Dieu le veut ! » et tous ceux qui prirent part à la croisade se distinguèrent par le signe de la croix. Les croisés vont très rapidement être adulés et devenir très populaire comme Godefroy de Bouillon par exemple qui vend ce qu’il possède pour partir en croisade. L’Eglise va elle aussi opérer cette distinction : la chevalerie de Dieu (croisés et des moines guerriers) destinée à défendre l’Église, et la chevalerie « ordinaire » qui ne sème que la tempête et la mort sur son passage. Les principaux ordres chrétiens de chevalerie seront l’Ordre des Hospitaliers (1113), l’Ordre des Templiers (1118) et l’Ordre des Chevaliers Teutoniques (1190).
Pour aller plus loin :
Par Colombe Cissé pour Héritages